Christiania

Christiania, la «Commune libre» de Copenhague, auto-gestionnaire et fondée en septembre 1971 sur le terrain de la caserne de Bådmandsstræde par un groupe de squatters, de chômeurs...



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Communauté anarchiste - Anarchisme - Communauté intentionnelle - Copenhague - Culture alternative - Squat - Utopie

Drapeau de Christiania

Christiania, la «Commune libre» de Copenhague (Danemark), auto-gestionnaire et fondée en septembre 1971 sur le terrain de la caserne de Bådmandsstræde par un groupe de squatters, de chômeurs et de hippies, est une rare expérience libertaire historique toujours en activité au nord de l'Europe.

En 2003, la cité compte plus de mille habitants, sa propre monnaie, toutes sortes d'activités culturelles et sportives, ainsi qu'un vaste espace agricole.

Le drapeau de Christiania, trois points jaunes sur fond orange (ou inversement) représentant les trois points sur les trois «i» de Christiania, aurait été créé par Viktor Essmann, qui inventa ce nom, qui fait référence au nom du quartier, «Christianshavn» le port de Christian, en référence à Christian IV.

L'entrée de la ville

Histoire

Naissance de Christiania

La ville libre vue de l'église Notre Sauveur

Le groupe fondateur comportait une cinquantaine de personnes. L'expérience devint célèbre suite à la parution d'un article rédigé par Jacob Ludvigsen, et intitulé Émigrez avec le bus 8 dans un journal underground nommé Hovedbladet.

L'histoire de Christiania est agitée, l'événement le plus dangereux ayant été la «JunkBlokaden» de 1979 durant laquelle Christiania a expulsé les vendeurs et les usagers de drogues dures, l'héroïne essentiellement, qui menaçaient sa survie. Les plans officiels de suppression ou transformation de Christiania ont été nombreux, mais la majorité n'ont eu aucun effet, au moins jusqu'au milieu des années 1990. Les Christianites insistent sur le fait qu'aucun individu n'est à lui seul responsable de la survie ou du succès de Christiania, mais l'avocat communiste et résistant Carl Madsen a eu droit à leur gratitude pour la défense intelligente dont il fit bénéficier le squat devant les tribunaux et le Parlement. Un long conflit larvé a opposé «pushers», les vendeurs de haschich, et «activistes», les militants, plus politiques, au sujet de la vente de haschich et d'alcool. Ce conflit a plusieurs fois mené Christiania au bord du gouffre.

Conflits récents

Un autre conflit oppose les autorités gouvernementales à la commune libre : la libre vente de cannabis qui représenterait un marché de 26, 8 millions d'euros par an selon la police. Le 4 janvier 2005, les stands de vente de cannabis sont finalement détruits par leur propriétaire (sans pour tout autant arrêter le commerce qui continue toujours actuellement mais de personne à personne) pour persuader le gouvernement de laisser la ville libre continuer d'exister. Avant la destruction, le musée national du Danemark a pu prendre un des plus beaux stands qui est désormais en exposition dans ce musée.

Dans un mouvement général de normalisation et d'uniformisation du pays, le Premier ministre libéral-conservateur Anders Fogh Rasmussen décide de s'attaquer au «cas» Christiana, accusée de faciliter le trafic de drogues. 1er janvier 2006, la ville a perdu son statut spécial de communauté alternative. Le 19 mai 2007, 35 ans après l'apparition de Christiania : une première maison est détruite[1]. La démolition entraîna une vive protestation qui dégénéra en conflit avec la police, laquelle avait déjà eu fort à faire lors des émeutes, deux mois avant, suite à la démolition d'Ungdomshuset.

Vie politique

Les 9 lois de Christiania

Christiania est en grande partie influencée par la pensée anarchiste même si actuellement particulièrement peu de ses habitants s'en réclament. Elle a ainsi constamment réussi à ne jamais être dirigée par des chefs, même s'il est ponctuellement arrivé que des Christianites soient élus au conseil municipal, ou alors au Parlement (une député christianite y donna le sein à son bébé, créant un beau scandale). L'autorité «suprême» y est exercée par le «Fællesmøde» (assemblée générale), à ceci près qu'aucune assemblée générale n'a, de loin, rassemblé la totalité des Christianites. Le pouvoir réel y est exercé, non sans difficulté, par les assemblées de quartier, les «Områdemøder», l'assemblée des entreprises (lucratives ou non), «Virksomhedsmøde», et l'assemblée des finances, «Økonomimøde» qui gère les ressources de Christiania (versements de la commune au titre de l'aide sociale, «loyer de Christiania» versé par une large part des habitants, contributions volontaires des collectifs à but lucratif). Dans ces assemblées, les décisions ne sont jamais prises au vote, mais lorsqu'il semble à chacun qu'un consensus a été atteint. Les Christianites considèrent pour la majorité qu'est Christianite qui dort à Christiania, mais ce point a fait l'objet de débats houleux. Il a existé entre neuf et dix quartiers à Christiania.

On ne trouve pas, à Christiania, de drogues dures, les voitures individuelles y sont normalement interdites. Après les deux premiers étés où les Christianites se sentirent débordés par un raz-de-marée de campeurs, le camping n'y est plus envisageable. Les vendeurs de haschich, tant que Pusher Street, la zone où ils vendaient à l'air libre, a existé, interdisaient qu'on les photographie.

Christiania entretient un dialogue conflictuel sans fin avec les autorités pour maintenir sa propre existence. Celle-ci est beaucoup due au fait que détruire Christiania signifierait, pour les autorités, trouver un relogement pour un millier de personnes. En outre, plusieurs centaines de Christianites bénéficient d'aide sociale, qui a été fixée a un niveau spécifiquement bas pour les résidents de Christiania ; si ceux-ci étaient relogés, le coût des prestations qui leur sont versées augmenterait énormément.

Économie

Les relations économiques ordinaires ont cours au sein de Christiania, qui n'a jamais réussi à devenir matériellement indépendante du monde extérieur. Plusieurs collectifs d'habitation pratiquent un partage modéré de certaines ressources matérielles, et de nombreux collectifs d'activité travaillent sans but lucratif, ou alors sans rémunération.

Plus d'une cinquantaine de collectifs divers exercent des activités industrielles, artisanales, commerciales, culturelles, sanitaires, théâtrales, etc. Christiania possède son jardin d'enfants, sa boulangerie, son sauna, son unité d'éboueurs/recycleurs, ses bulldozers, sa produit de vélos, son imprimerie, sa radio libre, un atelier de restauration de poêles anciens, un autre de restauration de voitures anciennes, son propre cinéma («Byens Lys», «Les Lumières de la Ville») et une foule de bars, restaurants et lieux de spectacles. Les égouts de Christiania ont été rénovés et agrandis par les Christianites eux-mêmes.

Démographie

Lors de sa création, Copenhague est touché par une crise aiguë du logement régnant alors à Copenhague, ainsi en quelques années la population dépassa de plusieurs centaines de personnes pour se stabiliser l'hiver aux alentours du millier.

Au moins une cinquantaine d'enfants sont nés à Christiania et y ont été élevés. Curieusement, au moins jusqu'en 2006, la proportion approximative d'un tiers de femmes pour deux tiers d'hommes n'a jamais changé. La plus forte proportion d'étrangers est évidemment composée de Scandinaves ; il faut noter la présence de quelques dizaines d'Inuits, qui s'explique par le fait que le Grœnland est un territoire danois. Bien que la population ait eu un caractère marqué d'instabilité, la moyenne d'âge est désormais élevée, apportant la preuve de la persistance d'un noyau dur de résidents de très longue durée.

Culture

La contribution de Christiania à la vie culturelle de Copenhague est hors de toute proportion avec le nombre des Christianites ; les Danois de plus de 40 ans se souviennent de l'armée des Pères Noël créée par le théâtre de rue «Solvognen» (Chariot du soleil) qui, le jour de Noël 1973, envahit le célèbre «Magasin du Nord» et se mit à distribuer gratuitement des ouvrages aux clients présents. Les affiches de Christiania, d'une particulièrement grande beauté, ont été préservées dans le livre Plakater compilé par Fabbrikken, l'un des collectifs d'habitation de Christiania. La plupart d'entre elles sont dues à Silketrykkeriet, l'atelier d'imprimerie sur soie implanté dans le bâtiment de Fabbrikken. Le plus beau livre de photographies sur Christiania, intitulé Christiania, a été publié par Mark Edwards aux éditions «Information». La télévision danoise possède des centaines d'heures de documentaires et d'émissions sur Christiania, et la presse danoise a publié des milliers d'articles sur ce lieu unique, où une collection étonnamment complète de ces articles est conservée. Mais de nombreux articles de la presse suédoise ou norvégienne comprennent des erreurs factuelles dues aux controverses que suscite la commune libre. Par contre, la Bibliothèque Royale de Copenhague conserve particulièrement peu de documents sur Christiania.

L'architecture de Christiania est célèbre, depuis la création de «Pyramiden», une pyramide faite de matériaux de construction par Helge, à Bananhuset (la Maison-Banane), construite par des apprentis charpentiers allemands, en passant par des dômes géodésiques et toutes sortes de constructions aussi hétéroclites que poétiques, et des intérieurs d'une grande poésie, surtout le bar «Månefiskeren» (Pêcheur de Lune). Une maison faite d'un bateau coupé en deux s'est retrouvée au musée d'art moderne de Louisiania.

En savoir plus

Bibliographie

Il existe en français deux livres sur Christiania :

Notes et références

  1. Christiania : démolition d'une utopie à Copenhague | Rue89

Lien externe

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"Christiania"

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