Anarchisme de droite

L'anarchisme de droite est une sensibilité philosophique et politique caractérisée par un refus d'adhérer à une société ou un dispositif s'appuyant sur la démocratie parlementaire, le pouvoir de l'argent, les idées reçues en matière d'ordre social,...



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L'anarchisme de droite est une sensibilité philosophique et politique caractérisée par un refus d'adhérer à une société ou un dispositif s'appuyant sur la démocratie parlementaire, le pouvoir de l'argent, les idées reçues en matière d'ordre social, et d'une façon plus générale toute forme d'autorité se réclamant d'eux.

Ce mode de pensée conserve cependant des idéaux et des valeurs reconnues comme politiquement, moralement et idéologiquement à droite. Dans le cas opposé, on parle simplement d'anarchisme.

Fondements de l'anarchisme de droite

Au fondement de l'anarchisme de droite, on trouve en premier lieu une critique assez violente contre le pouvoir d'une minorité d'intellectuels. Cette critique porte paradoxalement à la fois sur l'inefficacité de ce pouvoir et sa dangerosité. Les intellectuels, soumis à l'idéologie dominante des démocraties, sont censés renforcer le conformisme intellectuel qui est inhérent à ce type de gouvernement (Marcel Aymé consacrera un ouvrage au Confort intellectuel et Louis Pauwels fera énormément parler de lui en parlant de sida mental). Ces intellectuels deviennent alors les principaux artisans de ces démocraties, car les démocraties parlementaires fondent leur autorité sur l'expression d'une majorité précisément influençable, et qui doit être influencée pour maintenir les «moutons» dans l'enclos.

C'est là que réside, selon les anarchistes de droite, le fondement du pouvoir politique et , par extension, de la tyrannie politique. Selon eux, les intellectuels ne seraient pas une force de résistance contre le pouvoir politique; au mieux, ils n'auraient aucun impact sur lui, au pire, ils le renforceraient et recevraient des classes dominantes leur récompense ; ainsi, Karl Marx meurt dans la pauvreté et Adam Smith dans l'aisance matérielle.

La critique des anarchistes de droite ne s'arrête pas à cet aspect politique et idéologique. Elle s'attaque aussi à une autre source du pouvoir démocratique : le conformisme des foules. Ce «pouvoir du peuple», cette «ferveur de la foule», ils la rejettent comme manipulation. Elle n'admet que la révolte individuelle, qu'elle opposera avec obstination contre toute autorité institutionnelle ou s'autoproclamant intellectuelle. Ainsi en est-il de Louis-Ferdinand Céline qui raconte dans Voyage au bout de la nuit comment, n'ayant aucune envie de partir au front durant la guerre de 14-18, il se heurte aux remontrances ainsi qu'aux sarcasmes de ses contemporains qui lui reprochent son manque de ferveur et son absence de patriotisme.

C'est cette rébellion individuelle, toujours présente et profondément ancrée chez les anarchistes de droite, qui leur confère leur principale force. C'est elle qui les conduit à prôner la force de la conscience individuelle (quelquefois exacerbée comme dans Le culte du Moi, de Maurice Barrès), dans sa complexité et dans son intégrité, comme valeur de référence. C'est aussi elle qui les pousse à défendre avec fermeté - au moins moralement - l'individu contre le groupe et par conséquent, la personne, unique et complète, contre l'oppression de la majorité et contre le déterminisme social.

Anarchisme de droite et anarchisme individualiste

Ainsi défini, l'anarchisme de droite semble bien proche de l'anarchisme individualiste. En réalité, il ne doit pas être confondu avec lui. Dans un premier temps parce que l'anarchisme de droite ne s'appuie pas sur la même tradition de pensée que l'anarchisme individualiste. Selon François Richard (qui a publié un Que sais-je ? sur le sujet[1]), ce sont des écrivains comme Léon Bloy, Édouard Drumont, Barbey d'Aurevilly, Paul Léautaud, Louis Pauwels, Louis-Ferdinand Céline, Lucien Rebatet, Jacques Perret, Roger Nimier, Marcel Aymé, Michel-Georges Micberth, des dialoguistes comme Michel Audiard ou des acteurs comme Jean Yanne qui ont donné force à ce courant qui plonge ses racines dans la pensée baroque et libertine. L'anarchisme individualiste a, quant à lui, une filiation bien différente, dans la mesure où il emprunte à l'hégélianisme (Max Stirner, L'Unique et sa propriété), au proudhonisme, ou même au libéralisme, une grande partie de ses préceptes fondamentaux.

D'autre part, s'il est vrai que ce qui nourrit la pensée anarcho-droitiste, c'est l'individu révolté se dressant contre une société oppressive et aliénante, l'anarchiste de droite milite aussi pour le renouveau des principes aristocratiques. Au contraire de l'anarchiste individualiste, il ne lutte par conséquent pas contre l'aliénation de la morale et ne s'insurge pas contre l'humanisme. Au contraire, il défend et applique des valeurs morales dans lesquelles il croit résolument (la justice, l'honneur, le devoir, etc. ) envers et contre une société qui les nie ou les pervertit. Il oppose par conséquent à la vanité humaine, à la «bêtise humaine», à sa «laideur» ainsi qu'à son animalité, une hauteur d'esprit, un profond respect des valeurs morales - qui sont fréquemment reconnues comme des valeurs de droite - auxquelles il adhère.

À tel point que, selon François Richard, la majorité des écrivains apparentés à l'anarchisme de droite ont reconnu qu'il était plus ou moins de leur devoir de défendre cette intégrité intellectuelle et de refuser toute forme de complaisance envers le conformisme des milieux intellectuels. Cette prise de position radicale, teintée de provocations ou de confessions choquantes, en a fait des intellectuels ou des écrivains jugés «inutilisables par l'intelligentsia littéraire de gauche», ou alors des personnalités qui furent toujours rejetées par leurs contemporains.

Critiques de l'anarchisme de droite

Signalons cependant que ce rejet doit énormément au fait qu'une partie de ces auteurs — c'est le cas de Céline, Drumont ou Rebatet — ont tenu des propos antisémites particulièrement virulents. De tels engagements sont étrangers à l'anarchisme tel qu'on l'entend généralement. Cette incohérence est d'ailleurs toujours plus marquée quand on étudie scindément les œuvres de chaque auteur. Aucun ne se concevait en fait comme représentatif d'une tendance, et toujours moins comme anarchistes de droite car l'expression est assez récente (exception faite pour Céline qui se considérait libertaire, mais aussi Micberth et Richard qui sont à l'origine du terme). Ils se considéraient juste — et furent tous au moins quelque temps — isolés à cause de la radicalité de leurs points de vue. Plusieurs d'entre eux fréquentèrent des cercles littéraires ou des réseaux politiques. Certains reprochent aussi à l'anarchisme de droite de n'être qu'une construction de Micberth et Richard, et de ne se contenter que de récupérer certains auteurs, en leur attribuant l'étiquette anarchiste de droite[2].

La construction théorique et la légitimation de l'anarchisme de droite, qui est faite par François Richard sert à donner un nom à une sensibilité qui, tout en conservant un attachement à quelques valeurs respectant les traditions dans leur morale individuelle, se veut individualiste, anti-conformiste, anti-démocratique ou en tout cas anti-parlementariste (voire pour certains, proche du nihilisme). Cette sensibilité n'est pas en France représentée politiquement de manière particulièrement claire (l'activisme politique des anarchistes de droite est d'ailleurs inexistant). La thèse de Richard (Les anarchistes de droite, coll. «Que sais-je ?») est cependant perçue par certains comme une simple hagiographie des rédigés de Micberth[2].

L'anarchisme de droite soulève deux questions liées :

Ces deux questions restent actuellement ouvertes, une grande partie de la mouvance anarchiste répondant non à la seconde.

Notes et références

  1. Les anarchistes de droite, édité aux PUF, 1997. Voir aussi, du même auteur, L'anarchisme de droite dans la littérature contemporaine, PUF, 1988.
  2. Bruno Deniel-Laurent, «Michel-Georges Micberth (et les anarchistes de droite) », dans Cancer!, 2000 [texte intégral] , version archivée par la Wayback Machine.

Références bibliographiques

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