Léo Ferré

Léo Ferré, né le 24 août 1916 à Monaco et mort le 14 juillet 1993 à Castellina in Chianti, est un poète, musicien et chanteur franco- monégasque.



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Léo Ferré
Meilland ferré printemps de bourges85.jpg
Léo Ferré (à gauche) aux printemps de Bourges en avril 1985

Naissance 24 août 1916
Monaco Monaco
Décès 14 juillet 1993 (à 76 ans)
Castellina in Chianti, Italie Italie
Profession (s) Auteur-compositeur-interprète
Écrivain
Imprimeur
Chef d'orchestre
Animateur radio
Genre (s) Chanson française
Musique symphonique
Pop
Instrument (s) Piano
Années actives 1946 - 1992
Label (s) Le Chant du monde
Odéon
Barclay-Universal
CBS
RCA
EPM
La Mémoire et la Mer
Site Web leo-ferre. com

Léo Ferré, né le 24 août 1916 à Monaco et mort le 14 juillet 1993 à Castellina in Chianti (Toscane), est un poète, musicien et chanteur franco-monégasque. Bénéficiant d'un souffle créateur continu et d'une période d'activité longue (46 ans, contre 24 ans pour Brel, 30 ans pour Brassens, 34 ans pour Gainsbourg), Ferré est à ce jour le plus prolifique auteur-compositeur-interprète d'expression française, ayant réalisé plus d'une quarantaine d'albums originaux. Il vécut essentiellement à Monaco, à Paris, en Bretagne, dans le Lot et en Toscane.

Biographie

L'enfance

Fils de Joseph Ferré, directeur du personnel du Casino de Monte-Carlo, et de Marie Scotto, couturière d'origine italienne, il a une sœur, Lucienne, de deux ans son aînée.

Léo Ferré s'intéresse particulièrement tôt à la musique. À l'âge de sept ans, il intègre la Chorale de la Maîtrise de la Cathédrale de Monaco comme soprano. Il découvre la polyphonie au contact des œuvres de Palestrina et de Tomás Luis de Victoria. Son oncle, ancien violoniste et secrétaire au Casino, le fait assister aux spectacles et répétitions qui ont lieu à l'opéra de Monte-Carlo, alors haut-lieu de la vie musicale internationale. Léo Ferré y entend le chanteur basse Fédor Chaliapine, y découvre Beethoven, qui l'émeut profondément, que ce soit sous la baguette d'Arturo Toscanini (Coriolan), ou à la radio (Cinquième symphonie). Mais c'est la présence du compositeur Maurice Ravel aux répétitions de L'enfant et les sortilèges qui l'impressionne le plus durablement.

À neuf ans il entre au collège Saint-Charles de Bordighera tenu par les Frères des Écoles chrétiennes, en Italie. Il y reste en pension pendant huit longues années. Il racontera cette enfance solitaire et encagée dans une fiction autobiographique (Benoît Misère, 1970). Il y approfondit sa connaissance du solfège et joue du piston dans l'harmonie. A quatorze ans, il compose le Kyrie d'une Messe à trois voix.

De retour à Monaco pour préparer son baccalauréat, il devient pigiste pour le journal Le Petit Niçois comme critique musical, ce qui lui permet d'approcher des chefs d'orchestre prestigieux comme Antal Dorati ou Mitropoulos. A cette époque il découvre avec joie Daphnis et Chloé et le Concerto pour la main gauche de Ravel, sous la direction de Paul Paray, mais aussi le Boléro et la Pavane pour une infante défunte, dirigés par le compositeur en personne.

Il passe et obtient son baccalauréat de philosophie au lycée de Monaco.

Années de formation

En 1935, il vient à Paris pour y faire des études de droit. Il peaufine alors son apprentissage du piano en complet autodidacte. Fort d'un diplôme de Sciences Politiques il revient à Monaco en 1939 avant d'être mobilisé l'année selon. Il est affecté à l'infanterie et dirige un groupe de tirailleurs algériens. Sa vocation de compositeur s'affirme après sa démobilisation.

En 1940, à l'occasion du mariage de sa sœur, il rédigé un Ave Maria pour orgue et violoncelle[1], et commence la mise en musique de chansons rédigées par une amie. C'est avec ce répertoire qu'il se produit pour la première fois en public le 26 février 1941, au Théâtre des Beaux-arts de Monte-Carlo, sous le nom de Forlane. Ses premiers textes personnels datent probablement de cette année-là. À la fin d'un concert à Montpellier où se produit Charles Trénet, il présente à la "star" trois de ses chansons, mais celle-ci lui conseille de ne pas les chanter lui-même et de se contenter d'écrire pour les autres.

En 1943 René Bær lui confie des textes qui deviendront plus tard des succès : La chanson du scaphandrier et La chambre. La même année, Léo Ferré épouse Odette Shunck, qu'il a rencontrée en 1940 à Castres. Le couple s'installe dans une ferme à Beausoleil, sur les hauteurs de Monaco.

En 1945, tandis qu'il est toujours "fermier" et dans certains cas "homme à tout faire" à Radio Monte-Carlo, Léo Ferré rencontre Édith Piaf qui l'encourage à tenter sa chance à Paris.

Les débuts à Paris

A la fin de l'été 1946, Léo Ferré s'installe dans la capitale où il se lie d'amitié avec Jean-Roger Caussimon, à qui il demande s'il peut mettre en musique son poème A la Seine. Caussimon devient son parolier privilégié et ensemble ils feront plusieurs chansons spécifiquement appréciées du public comme Monsieur William (1950), Le temps du tango (1958) ou encore Comme à Ostende (1960).

Ferré obtient un engagement de trois mois au cabaret Le Bœuf sur le toit. Il s'accompagne au piano. Les débuts sont psychologiquement et financièrement complexes. Pendant 8 ans il doit se contenter d'engagements aléatoires et épisodiques dans les caves à chansons de la capitale : Les Assassins, les Trois Mailletz, Le Trou, le Quod Libet, ou encore le Milord l'Arsouille, ces trois derniers étant successivement dirigés par son ami Francis Claude, avec lequel il co-écrit plusieurs chansons, dont La Vie d'artiste (1950), en écho à sa récente séparation d'avec Odette.

Ferré finit par se faire une réputation, parvenant non sans peine à placer quelques titres chez les interprètes de l'époque : Renée Lebas[2], Édith Piaf, Yvette Giraud, Henri Salvador, Les Frères Jacques. Mais c'est avec la chanteuse Catherine Sauvage qu'il va trouver sa plus fidèle, passionnée et convaincante ambassadrice.

Dès 1947, il fréquente le milieu des anarchistes espagnols, exilés du franquisme. Cela nourrira sa rêverie romantique de l'Espagne, dont Le bateau Espagnol et Le flamenco de Paris sont déjà des manifestations. Pour l'anecdote, Ferré la "graine d'ananar" adhère au Parti communiste pendant cinq minutes[3].

Sa rencontre en 1950 avec Madeleine Rabereau donne une nouvelle impulsion à sa vie et sa carrière. Il en fait sa muse et elle influe sur certains choix artistiques. Il enregistre la même année 13 chansons en s'accompagnant au piano, pour le compte du label Le Chant du monde, avec qui il a signé un contrat de trois ans. Ces chansons sont diffusées en 78 tours.

En 1951, Ferré rédigé De sacs et de cordes, un feuilleton radiophonique hybride dont le récitant est Jean Gabin. Ferré en profite pour s'essayer à la direction de l'orchestre et des chœurs de la radiodiffusion française.

Les années Odéon

Début 1953, Paris canaille chantée par Catherine Sauvage est devenu un "tube" international[4]. Pour Ferré c'est la fin de la précarité, les interprètes qui l'évitaient viennent à lui. Il met à profit cette bouffée d'oxygène pour composer l'oratorio La Chanson du Mal-Aimé sur un poème de Guillaume Apollinaire. L'œuvre, pour quatre chanteurs lyriques, est créée sous la baguette du compositeur l'année selon, à l'Opéra de Monte-Carlo[5]. Après plusieurs démarches infructueuses pour la faire vivre sur scène, elle fera l'objet d'un album en 1957.

De 1953 à 1958 Ferré est sous contrat avec Odéon, un label qui lui alloue plus de moyens. Il y enregistre son premier LP, contenant entre autres Monsieur William, Le Pont Mirabeau (poème d'Apollinaire), La chambre et Paris canaille. Pour des raisons de contrat, il réenregistre la même année, toujours au piano mais dans de meilleures conditions techniques, les chansons déjà gravées en 1950 pour Le Chant du monde.

Dès lors, sa renommée va croître au fil des disques et de succès comme Le piano du pauvre, L'homme[6] (1954), Le Guinche ou encore Pauvre Rutebeuf, dont le "parolier" n'est autre que le poète du 13ème siècle Rutebeuf[7] (1955). Cette montée progressive vers la reconnaissance se manifeste par un passage du cabaret au music-hall, avec un récital à l'Olympia en mars 1955, puis à Bobino en janvier 1958. Durant ces années Ferré se lie à des musiciens : l'accordéonniste Jean Cardon, le pianiste Paul Castanier et le guitariste Barthélémy Rosso, le pianiste et arrangeur Jean-Michel Defaye.

En 1956, les surréalistes Benjamin Péret et André Breton saluent ses talents de poète. Breton entretient une amitié suivie avec lui, mais refuse cependant de rédiger la préface de son premier recueil de poésies Poète… vos papiers !, dont il n'apprécie pas la teneur. Les deux hommes se brouillent. La même année Ferré compose La Nuit, un ballet-oratorio que lui a commandé le chorégraphe Roland Petit. C'est une expérience malheureuse et Ferré va abandonner pour de longues années ses ambitions musicales au profit de l'écriture. Il commence la rédaction de Benoît Misère.

En 1957, Léo Ferré est le premier à consacrer la totalité d'un album à un poète. Il s'agit de Charles Baudelaire dont on célèbre le centenaire des Fleurs du mal. Ferré désire mener une "croisade poétique" pour faire voler en éclat la distinction entre poésie et chanson, et pour contrecarrer par le haut ce qu'il juge être la médiocrité des paroliers de son époque. Il s'attèle ensuite à mettre en musique Louis Aragon en 1958 et Verlaine en 1959, puis Rimbaud en 1963. Ce travail intensif l'amènera en toute logique à consacrer un récital entier aux poètes en 1966.

En 1959, il noue contact avec le photographe Hubert Grooteclæs. Ce dernier devient son ami fidèle et réalisera pour lui plusieurs couvertures d'album. La même année, Ferré se porte acquéreur de l'île dont il rêve, entre Cancale et Saint-Malo. C'est le début d'un amour-passion pour la Bretagne, qui lui inspire entre autres le long poème Guesclin, intitulé ultérieurement La mémoire et la mer, dans lequel il va puiser la matière de pas moins de sept chansons[8]. L'éditeur Pierre Seghers et Aragon en éditeront chacun des fragments, qui dans la collection Poètes d'aujourd'hui (1962), qui dans Les lettres françaises (1963). Mais Ferré n'en donnera une version définitive, énormément modifiée, qu'en 1980[9].

Barclay première manière

En 1960, Léo Ferré fait partie avec Charles Aznavour, Henri Salvador et Dalida, de l'écurie Barclay, bientôt rejoint par Jacques Brel. Son directeur artistique est Jean Fernandez. Il enregistre son premier album Paname où on trouve Comme à Ostende (paroles de Jean-Roger Caussimon), Jolie Môme qui sera aussi interprétée par Juliette Greco, mais aussi la chanson titre.

L'année suivante il consacre un nouvel album à un poète, cette fois-ci il choisit d'interpréter des textes de Louis Aragon, la chanson la plus marquante de ce disque est L'Affiche rouge.

Il chante au Vieux Colombier, puis fait un triomphe lors de son spectacle en vedette à l'Alhambra[10] accompagné par l'orchestre dirigé par Jean-Michel Defaye, il y chante ses succès et aussi des inédits comme Les temps sont complexes[11].

Après avoir vu un numéro de chimpanzé en première partie de son spectacle Léo et sa femme adoptent une femelle qu'ils nomment Pépée, ils recueilleront ensuite d'autres animaux.

En 1962, il fait un récital à l'ABC. Il rédigé la préface des Poèmes saturniens de Verlaine. L'album Flash Alhambra - ABC est rapidement retiré de la vente. La chanson Mon général déplaît aux autorités. En 1963, il achète le Château de Pechrigal, dans le Lot, qu'il appelle «Perdrigal». Il vivra dans cette vieille bâtisse qui, selon lui, était un château malheureux (dû en partie aux dégâts de Pépée), avec son épouse et sa ménagerie, retiré de la vie parisienne. Le «Léo Ferré châtelain» lui sera énormément reproché, il s'en défendra vivement en disant que n'importe qui appartenait au dispositif, et que les artistes eux aussi avaient le droit d'avoir de l'argent.

En 1964, il enregistre un double album de poèmes de Verlaine et de Rimbaud, qu'il a mis en musique. L'année suivante, il effectue un récital à Bobino, et rédigé la préface du livre de Maurice Frot Le Roi des rats. En 1967, Barclay supprime la chanson À une chanteuse morte (Edith Piaf) sur son nouveau disque. Il rédigé dans la collection Poètes d'aujourd'hui de Seghers une longue préface sur Caussimon. Son nouveau directeur artistique devient Richard Marsan [12].

En mars 1968, il quitte le Lot. Le 7 avril, Pépée est tuée par un voisin d'une balle dans la tête tout comme Zaza, un autre chimpanzé, sur ordre de Madeleine qui liquidera l'ensemble des animaux, en les donnant aux voisins ou en les tuant. Léo Ferré ne pardonnera pas à Madeleine, sa femme, il chantera Pépée en 1969 et Zaza, une chanson bien plus explicite où Léo Ferré «se venge», qu'on retrouvera énormément plus tard dans l'album posthume de Léo : Métamec. Le 10 mai, il chante à la Mutualité pour les anarchistes comme il le fait chaque année depuis 1948. Il part vivre en Lozère, puis en Ardèche.

Barclay seconde manière

En 1969, il enregistre à New York le titre Le Chien (version inédite) avec des musiciens de jazz-rock (John McLaughlin et Billy Cobham, respectivement guitariste et batteur du Mahavishnu Orchestra, et Miroslav Vitous, bassiste de Weather Report). Originellement ce devait être avec Jimi Hendrix. Ferré rencontre la même année Brel et Brassens au micro de François-René Christiani pour RTL. C'est extra devance les Beatles au hit-parade. Il chante au Don Camillo, rue des Saint-Pères, où vient régulièrement l'écouter Serge Gainsbourg. Il effectue aussi la même année une série d'entretiens avec Michel Lancelot sur Europe 1.

En 1970, il enregistre le double album Amour Anarchie. La maison de disque écarte Avec le temps, qui sort en 45 tours. C'est particulièrement vite un très grand succès. Ferré se produit au Théâtre 140 à Bruxelles, et effectue une série de récitals intitulés Un chien à la mutualité. De nombreux galas sont perturbés par des contestataires qui veulent l'empêcher de chanter. Il part s'installer définitivement en Toscane.

Il se produit pour la première fois en 1971 au Théâtre Toursky à Marseille, où il reviendra particulièrement régulièrement. Il rédigé une première version d'Il n'y a plus rien pour un film qu'il a en projet avec Maurice Frot et Philippe Fourastié, qui ne verra jamais le jour. Il sort un album à dominante rock : La Solitude. Il est accompagné du groupe Zoo.

1972 signe son retour à l'Olympia, où il ne s'est pas produit depuis 1955. Il effectue une tournée au Liban. Il participe à un concert avec Brassens contre la peine de mort.

En 1973, il sort le disque Il n'y a plus rien, participe à un concert de soutien au journal Libération, enregistre le disque Et... basta !. En décembre, il épouse Marie-Christine Diaz au consulat de France à Florence.

Les années toscanes

En 1974 il participe au Festival de Vence organisé par le violoniste Ivry Gitlis, et donne durant cinq semaines à l'Opéra comique La Chanson du mal-aimé et Et... basta !. En 1975, il enregistre, à l'issue d'une série de concerts en Belgique, le disque Ferré muet dirige... avec l'Orchestre de Liège[13]. Il dirige - en chantant ! - l'orchestre des Concerts Pasdeloup[14] au Palais des Congrès de Paris où il fait salle comble pendant 5 semaines. Il y interprète ses chansons et des pièces de Ravel et Beethoven. L'année suivante, il effectue une tournée en Algérie[15]. Il signe chez RCA.

En 1981, malgré la proposition d'un cachet substantiel et la promesse faite par Roger Hanin de mettre un orchestre symphonique à sa disposition, il refuse de soutenir la campagne présidentielle de François Mitterrand. Il dédie à Bobby Sands ainsi qu'à ses amis de l'IRA la chanson Thank You Satan.

En 1982, il publie le triple album Ludwig- L'Imaginaire-Le Bateau ivre.

En 1983, il publie le quadruple-album vinyle L'Opéra du pauvre et entame une «tournée marathon» en Italie, en France, au Portugal et en Belgique[16]. Il soutient à la même époque Radio libertaire. L'année suivante il chante à l'Olympia et au Théâtre des Champs-Élysées. Ses concerts durent alors trois heures.

En 1985, il publie un album entièrement consacré à son ami Jean-Roger Caussimon et effectue une nouvelle tournée à travers la France. En mars, il refuse d'être Commandeur des Arts et Lettres, et quitte RCA. Il inaugure en 1986 le Théâtre Libertaire Parisien. Il se produit pendant 6 semaines au TLP avec au programme un tour de chant consacré aux poètes qu'il a mis et continue de mettre en musique.

Il refuse en 1987 d'être l'invité d'honneur des premières Victoires de la musique et entame une nouvelle tournée marathon en France, Allemagne, Autriche, Italie, Belgique, Canada et Japon. Jean-Louis Foulquier organise une Fête à Ferré dans le cadre des Francofolies de la Rochelle ; Jacques Higelin interprète pour l'occasion une version de "Jolie Môme" «survitaminée». L'année suivante, il refuse une nouvelle fois de soutenir la candidature de Mitterrand et nomme à l'abstention. Il effectue une tournée en France, au Canada, en Espagne, au Maroc, et un récital au TLP[17].

Léo Ferré à l'Olympia pour un spectacle en hommage à Paul Castanier en 1992.

En 1989, Léos Carax lui propose d'écrire la musique du film Les Amants du Pont-Neuf[18]. En 1990, il chante avec Renaud, et Francis Lemarque à Bercy pour la fête des 70 ans du Parti Communiste. En 1991, il signe en compagnie de Renaud un appel pour la Paix maintenant contre l'intervention militaire dans le Golfe. Il publie le disque Une saison en enfer pour le centenaire de la mort de Rimbaud, et effectue en début d'année 1992 une tournée en France et en Belgique. Le 9 février 1992 il retrouve sur la scène de l'Olympia : Jacques Higelin, Georges Moustaki, Rufus, Font et Val, Alain Meilland, Jacques Serizier, Patrick Siniavine pour un spectacle en hommage à Paul Castanier.

Hospitalisé fin 1992 il doit annuler sa rentrée parisienne au Rex. Il décède chez lui, le 14 juillet 1993, à l'âge de 76 ans.

Son style

Léo Ferré est une des références inévitables de la chanson française. Mêlant le lyrique et le populaire, la tradition et l'utopie, l'amour et l'anarchie, Ferré dépeint des états d'âmes plus qu'il ne raconte des histoires. Il secoue plus qu'il ne flatte.

Ferré est reconnu comme un poète marquant de la seconde moitié du XXe siècle, avec une expression riche et profonde, où l'influence du surréalisme se fait sentir surtout dans la seconde moitié de l'œuvre enregistrée. Il utilise un vocabulaire étendu, des champs lexicaux récurrents plutôt inattendus (du moins pour la chanson), joue avec la connotation usuelle des mots, forge des néologismes, crée des images complexes s'engendrant les unes les autres, avec de nombreux changements de registre et de rythme ; l'intertexte littéraire y est abondant, le sens rarement univoque.

Comme écrivain, il a abordé - en les subvertissant à des degrés divers - le récit d'enfance (Benoît Misère), le genre épistolaire (Lettres non postées), le texte de réflexion (Introduction à l'anarchie, Technique de l'exil, Introduction à la folie), le portrait, ou alors l'autoportrait (préfaces à Verlaine ainsi qu'à Caussimon). Il s'est frotté au théâtre (L'Opéra des rats), il a publié des recueils (Poètes... vos papiers !, Testament phonographe) et composé de vastes poèmes ouvragés (La Mémoire et la Mer[19], Le Chemin d'enfer, Le Loup, Death... Death... Death... , Métamec).

Léo Ferré est aussi un infatigable passeur. En mettant en musique ses modèles et ses affinités (Apollinaire, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Villon, Jean-Roger Caussimon, Aragon, Rutebeuf, Cesare Pavese et quelques autres), il contribue à les faire connaître et aimer d'un public élargi.

On reconnaît moins unanimement ses qualités de musicien, tandis que les harmonies chez lui sont riches et la mélodie inspirée. À partir de 1971, devenant son propre orchestrateur, Léo Ferré donne vie à son parfait esthétique de la chanson symphonique, pour un résultat fréquemment flamboyant. Ce choix a pu sembler hasardeux à certains, mais ce classicisme l'éloigne d'une inscription précise dans une époque et le prémunit avec une belle ampleur des aléas de l'air du temps.

Hors de la chanson, il s'est essayé à la composition de différents genres : l'opéra avec La Vie d'artiste (inachevé), l'oratorio avec La Chanson du mal-aimé (texte d'Apollinaire), le «ballet» avec La Nuit, la musique instrumentale avec La Symphonie interrompue, Le Chant du hibou, Le Concerto pour bandonéon (inachevé), et enfin la BO pour le cinéma avec des films comme Douze heures d'horloge, avec Lino Ventura, ou L'Albatros de Jean-Pierre Mocky. Il faut ajouter à cela la direction d'orchestre, qu'il apprend en autodidacte. De 1975 à 1990, Léo Ferré dirige dans certains cas les orchestres symphoniques qu'on veut bien lui prêter, lors de représentations en France, en Italie, au Canada, en Espagne, en Suisse et en Belgique.

Mathieu Ferré[20], avec les Éditions La Mémoire et la Mer, réédite régulièrement l'œuvre originale de son père tout en sortant de nombreux inédits.

Hommages

De son vivant, Léo Ferré a refusé d'être fait Commandeur des Arts et Lettres.

En 2003, a été inauguré la place Léo Ferré à Monaco, sur laquelle a été installée le visage en bronze de l'artiste, par le sculpteur Blaise Devissi.

La Cité scolaire de Gourdon (Lot) porte le nom de l'artiste. Elle comprend un collège, un lycée général et un lycée professionnel.

Il existe une rue Léo Ferré à Bagneux et une autre à Pierrefitte-sur-Seine.

Une variété de rose originaire d'Asie porte le nom Léo Ferré. Sa fleur est bicolore : blanc-or bordé de rouge carmin.

En 2007, l'artiste plasticienne Miss. Tic a réalisé deux grands pochoirs muraux représentant Ferré pour la résidence universitaire d'Orly.

En 2009 ont été inaugurés la place et le square Léo Ferré, à Paris (12ème arrondissement).

En novembre 2009, le collectif Les derniers hommes rend hommage à Léo Ferré dans une création "il n'y a plus rien" lors du premier festival d'arts numériques "Labomatique" à Dijon.

Discographie

Albums studio

Albums en public

Sorties posthumes

Compilations

Vidéographie DVD

Bibliographie

Ouvrages de Léo Ferré

Parutions posthumes

Ouvrages sur Léo Ferré

Biographies

Entretiens

Études

Divers

Interprètes[21]

Interprètes ayant consacré un album entier à Ferré

Du vivant de Ferré

  • Jean Cardon : Surpat chez Léo Ferré (album instrumental, 1959)
  • Pia Colombo : Pia Colombo chante Ferré 75

Années 90

  • Philippe Léotard : Philippe Léotard chante Ferré (1993)
  • Renée Claude : On a marché sur l'amour (double-album, 1994)
  • Mama Béa : Du côté de chez Léo (1995)
  • Michel Hermon  : Thank you Satan (1998)

Années 2000

  • Ann Gaytan  : Thank you Ferré (2000)
  • Joan-Pau Verdier : Léo Domani (2001)
  • Didier Barbelivien : Léo - Barbelivien chante Ferré (2003)
  • Marc Ogeret : Marc Ogeret chante Léo Ferré (2003)
  • Têtes de bois  : Ferré, l'amore e la rivolta (2003)
  • Bell Œil  : Hurletout... Léo Ferré (2003)
  • Nicolas Reggiani et Giovanni Mirabassi : Léo en toute liberté (2004)
  • Sapho : Sapho chante Léo Ferré (2006)
  • Michel Bouquet : Lettres non postées (2006)
  • Jean-Louis Murat : Charles et Léo (2007)
  • Jeanne Added et Claudia Solal  : Poète, vos papiers ! (2007)
  • Roberto Cipelli  : F. à Léo (2007)
  • Michel Hermon  : Compagnons d'enfer (2008)
  • Amancio Prada  : Vida d'artista (2008)
  • Bernard Lavilliers : DVD-spectacle Lavilliers chante Ferré (2009)

Interprètes reprenant les poètes mis en musique par Ferré

Années 50-60

Années 70-80

Années 90-2000

Interprètes reprenant Caussimon-Ferré

Interprètes reprenant Ferré

Années 50-60

  • Michèle Arnaud : La Vie d'artiste, L'Étang chimérique, L'Inconnue de Londres, En amour, Le Bateau espagnol
  • Philippe Clay : La Rue, Bleu blanc rouge
  • Jacques Douai : L'Inconnue de Londres, Les Forains, La Fortune, L'Étang chimérique, Le Bateau espagnol, Le Fleuve des amants, Mon p'tit voyou, Notre amour
  • Juliette Gréco : Le Guinche, L'amour, T'en as, Java partout, Paname, Jolie Môme
  • Pauline Julien : T'en as, L'amour, Vingt ans
  • Renée Lebas : Elle tourne... la Terre, Paris Canaille
  • Yves Montand : Flamenco de Paris, Paris Canaille
  • Eartha Kitt : The Heel (L'Homme)
  • Germaine Montero : Les Amoureux du Havre, Mon p'tit voyou, Le Piano du pauvre, La Chanson triste, Ma vieille branche, La Fortune, Le Temps du plastique
  • Mouloudji : Elle tourne... la Terre (Ferré a en outre écris des musiques pour Mouloudji, qui a chanté dessus ses propres textes : Le Cirque, La Jeune fille à la frange, Rue de Crimée, Cache-Cache)
  • Marc Ogeret : Le Piano du pauvre, Paris Canaille, L'Île St-Louis, Flamenco de Paris
  • Patachou : Le Piano du pauvre, La Fortune, Le Temps du plastique
  • Édith Piaf : Les Amants de Paris
  • Colette Renard : Paris Canaille
  • Catherine Sauvage : une soixantaine de titres étalés du début des années 50 à la fin des années 60.
  • Suzy Solidor : L'Inconnue de Londres
  • Cora Vaucaire : La Vie d'artiste

Années 70-80

Années 90-2000

Notes et références

  1. Suivront deux autres œuvres d'inspiration religieuse : un Benedictus et un Agnus Dei
  2. Elle est celle qui le fait découvrir au public en enregistrant Elle tourne la terre. Elle créera aussi L'Île Saint-Louis et Paris Canaille.
  3. Comme on lui intime l'ordre d'attendre son tour pour parler, il déchire sa carte.
  4. La chanson a été jusque là refusée par Les frères Jacques, Yves Montand et Mouloudji
  5. Note : le 29 avril 1954. Une captation en est réalisée par Radio Monte-Carlo. On a longtemps cru la bande détruite, jusqu'à ce qu'elle paraisse en 2006 chez La Mémoire et la mer, en bonus de l'album Le piano du pauvre.
  6. Catherine Sauvage obtient le Grand Prix du disque 1954 pour son interprétation de cette chanson.
  7. C'est un montage de textes, dont le principal est La Pauvreté Rutebeuf
  8. La plus célèbre en est précisément celle qui s'intitule La Mémoire et la Mer.
  9. in Testament phonographe, édité chez Plasma. Voir bibliographie.
  10. Une première fois en mars 1961 et ensuite en novembre.
  11. Depuis 1961, et chaque dimanche, quand il chante à Paris, Maurice Chevalier vient l'applaudir.
  12. C'est pour lui qu'il écrira la chanson Richard.
  13. Ferré ne pouvait enregistrer sa voix car une clause de son contrat précédent avec Barclay le lui interdisait.
  14. Il comprend 140 musiciens et choristes.
  15. Il donne une série d'émissions à Alger-Chaîne 3.
  16. À Liège, on tente de l'empêcher de chanter. Un ami curé, le père Lambert, prend sa défense.
  17. On y découvre deux spectateurs assidus : Guy Roux et Éric Cantona.
  18. Le producteur Christian Fechner refuse.
  19. La fameuse chanson n'en est qu'un tout petit fragment
  20. Né le 29 mai 1970.
  21. Ne sont prises en compte ici que les reprises ayant fait l'objet d'une publication sur disque.

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