Mouvement autonome
Le mouvement autonome se définit comme une lutte pour l'autonomie du prolétariat comparé au capitalisme ainsi qu'à l'État, mais également comparé aux partis ainsi qu'aux syndicats.
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Le mouvement autonome se définit comme une lutte pour l'autonomie du prolétariat comparé au capitalisme ainsi qu'à l'État, mais également comparé aux partis ainsi qu'aux syndicats[1]. Il est classé à gauche de l'extrême gauche[2].
Caractéristiques du mouvement autonome
Le mouvement autonome contemporain apparaît en Italie en 1973 sous le nom d'«Autonomia Operaia» (Autonomie ouvrière). Il fait par conséquent référence au concept d'«autonomie ouvrière» ou d'«autonomie prolétarienne». Regroupement de comités ouvriers et de collectifs de quartiers, l'Autonomie italienne rassemble aussi à partir de 1976 des centaines de bandes de jeunes défendant l'émeute et la délinquance comme forme de lutte contre l'Etat et le capitalisme.
De nombreux autonomes italiens sont directement issus du Parti Communiste. Certains viennent aussi de différentes organisations d'extrême-gauche comme Il Manifesto, Potere Operaio (Pouvoir Ouvrier), et Lotta Continua. Les partisans de Toni Negri rejoignent l'Autonomie dès 1973. Ils défendent une conception léniniste de l'Autonomie ouvrière qui prône la création d'un "Parti Autonome".
Le mouvement autonome se distingue par ses pratiques alternatives, son refus des normes politiques dominantes. Être autonomes, c'est refuser de laisser un autre penser et décider à sa place. Cela se traduit par des pratiques tel que l'autoréduction qui consiste pour un groupe d'usagers à imposer par la force une baisse du prix d'un produit ou d'un service. Elle peut aller jusqu'à la gratuité et prendre la forme de véritables pillages de supermarchés. Les autonomes, comme les anarchistes, parlent alors de «communisme immédiat», c'est-à-dire sans phase de transition. L'Autonomie des années 70 se définit aussi par la pratique du sabotage (incendies, attentats à l'explosif) et du banditisme révolutionnaire (hold-up).
A partir de 1975, l'Autonomie italienne est rejointe par des militants issus de Potere Operaio et de Lotta Continua qui se regoupent autour d'Oreste Scalzone pour créer le Comitato Comunisto per il Potere Operaio (Comité Communiste pour le Pouvoir Ouvrier). Le Comitato Comunisto per il Potere Operaio (COCOPO) représente la tendance insurrectionnaliste de l'Autonomie italienne. Le COCOPO prône ainsi un exercice direct de la violence militaire. A l'opposé, la tendance représentée par Toni Negri, organisée au sein des Collectifs Politiques Ouvriers, entend déléguer la lutte armée aux Brigades Rouges. En 1976, le COCOPO explose en une grande variété de groupes armés : Comitati Comunisti per la Dittatura Proletaria à Rome, Unità Comuniste Combattenti à Florence, Prima Linea à Milan... Quant aux militants regroupés autour d'Oreste Scalzone, ils s'organisent à partir de 1977 au sein des Comitati Comunisti Rivoluzionari.
Progressivement, l'Autonomie italienne se militarise, chaque collectif autonome créant son propre groupe armé pour organiser hold-up, incendies, attentats à l'explosif, et "jambisations" (tirs d'armes à feu dans les jambes). Le mouvement autonome italien s'effondre subitement en 1979 : 25 000 militants sont incarcérés, plusieurs centaines s'exilent à l'étranger, la majorité en France et en Amérique latine où ils bénéficieront de l'asile politique.
La diffusion en France des idées et des pratiques autonomes se fait en premier lieu à partir de la revue Camarades, fondée par Yann Moulier-Boutang en 1974. Il apparaît rapidement plusieurs pôles de sensibilités différentes dont le consensus se faisait autour de l'opposition aux partis et syndicats, sans pour tout autant endosser les idées libertaires particulièrement anti-État et anticapitalistes. Une large partie du mouvement autonome n'était pas opposée à l'idée d'un État fort, surtout dans la perspective ultérieure de défendre les acquis de l'autonomie. Les différentes sensibilités étaient liées aux parcours des différentes familles politiques qui se sont rejointes, surtout ceux issus du mouvement (post) Internationale situationniste et ceux qu'on appelait les «militaristes », «mao-spontanéistes » issus de l'ex Gauche prolétarienne autour du journal «La Cause du Peuple» (qui a été dirigé par Jean-Paul Sartre), dont l'expérience donnera naissance au journal Libération avec Serge July. Les différentes sensibilités étaient aussi liées à la pratique et la situation sociale de chacun, avec surtout, un pôle étudiant (Normale sup', Paris Dauphine, Nanterre... ), et un pôle de jeunes représentant les «nouvelles marges» de banlieue (Rueil Malmaison.... ). Le débat intellectuel du mouvement s'est nettement démarqué de la volonté de lutte armée prônée par certains sur le modèle italien. Il a été estimé que les contradictions de la société française n'étaient pas telles que la lutte armée soit justifiée. C'est une des raisons qui a évité à la France les «Années de plomb» connues surtout en Italie et en République fédérale d'Allemagne. Ceci malgré l'aventure d'Action directe qui a été d'un impact assez limitée.
Chronologie
Années 1970
1973
- 3 et 4 mars : 400 délégués se réunissent à Bologne pour fonder la coordination italienne des comités autonomes ouvriers.
1974
Fondation en France du groupe Marge, par Gérald Dittmar et Jacques Lesage de La Haye, groupe qui à partir de 1977, se réclame de l'«autonomie désirante». Parution de la revue Marge, à laquelle participent Serge Livrozet, Frédéric Nathan et Daniel Ladovitch. Certains numéros sont tirés à 10 000 exemplaires. Daniel Guérin, Walter Jones et Grisoune Jones ont milité dans Marge.
1976
En France, le mouvement autonome apparait autour du groupe «Camarades», animé par Yann Moulier-Boutang qui a édité entre 1972 et 1973 la revue Matériaux pour l'intervention inspiré des thèses de l'opéraïsme italien.
1979
23 mars : A Paris, manifestation des sidérurgistes lorrains.
1er mai : à Paris, le mitraillage de la façade du siège parisien du CNPF est revendiqué par un nouveau groupe issu de la lutte armée antifranquiste, maoïste et de l'Autonomie parisienne : Action Directe.
23 avril : à Paris, un meeting contre la répression est organisé par les autonomes à la Mutualité et réunit plus de 2000 personnes.
Années 1980
Le mouvement autonome disparait en Italie sous les coups de la répression. Il est alors en particulier présent en Allemagne. En France, il se retranche dans les squats parisiens mais apparaît toujours dans certaines émeutes. Les autonomes se mobilisent aussi énormément pour la libération des prisonniers.
Années 1990
1994
En France, le 4 octobre, suite à un hold-up à Pantin, une fusillade éclate dans Paris entre la police et deux autonomes, Audry Maupin et Florence Rey. Trois policiers et un chauffeur de taxi sont tués. Audry Maupin est abattu par la police. Florence Rey est arrêtée puis incarcérée quelques jours plus tard.
1998
- France : Création du Collectif Anti-Expulsion (CÆ).
- Paris : Assemblée Générale des chômeurs de Jussieu. Le 30 septembre, Florence Rey est condamnée à vingt ans de prison pour sa participation à la fusillade du bois de Vincennes.
1999
- France : Parution du premier numéro de Tiqqun : "Organe conscient du Parti Imaginaire - Exercices de Métaphysique Critique", 162 pages, auto-édition.
Années 2000
Dans le mouvement altermondialiste, les autonomes sont désignés sous le terme de «Black Bloc» à cause de leur tenue noire qui leur permet d'être plus difficilement identifiés par la police lors de leurs actions émeutières.
2000
- France : Création du collectif «Pour en finir avec l'ensemble des prisons».
2001
- France : Parution du second numéro de Tiqqun : "Organe de liaison au sein du Parti Imaginaire - Zone d'Opacité Offensive", 292 pages, éditions Belles-Lettres.
2002
- France : Du 19 au 28 juillet, un campement No Border est organisé à Strasbourg, pour l'abolition des frontières et des nations, la liberté de circulation et d'installation, et l'arrêt des expulsions de «sans-papiers».
2003
Création d'une éphémère «Coordination anticarcérale européenne».
- Paris : Le 15 novembre, des affrontements opposent des autonomes au cortège du Parti socialiste aidé par le service d'ordre du PCF, à l'occasion de la manifestation du Forum social européen qui se déroule à Paris.
Ouvrages :
- Appel (Appel à la création de communautés autonomes) rédigé au «508», squat politique.
- Une Fièvre impossible à négocier : roman publié par Flammarion dans lequel Lola Lafon décrit de manière romancée une histoire s'appuyant sur sa connaissance de la mouvance autonome parisienne.
2004
Publications :
- Meeting : «Revue internationale pour la communisation». Revue plutôt proche de l'ultra-gauche. Voir aussi les Éditions Senonevero qui publient des textes sur la «communisation» et aussi un ouvrage sur l'opéraïsme : À l'assaut du ciel - Composition de classe et lutte de classes dans le marxisme autonome italien de Steve Wright.
- Mathieu Amiech et Julien Mattern, Le Cauchemar de Don Quichotte : sur l'impuissance de la jeunesse d'aujourd'hui, Éditions Climats. Critique du mode de production industriel.
2005
- France : Autodissolution du Collectif Anti-Expulsion et début de la mobilisation "antirafles".
2006
- France : mouvement anti-CPE
Parution de l'ouvrage "Les mouvements sont fait pour mourir"
2007
- Suisse : Création du groupe Action Autonome.
- Danemark : Un verdict de la cour d'appel de Copenhague rendu en août 2006 et obligeant l'évacuation du squat Ungdomshuset (Quartier de Norebro, Copenhague), ouvert depuis 1982 entraîne une vague internationale de solidarité envers les squatteurs. Aussi le mouvement autonome européen s'est-il mobilisé partout sur le continent pour leur exprimer son soutien (occupations de consulats danois, manifestations devant les ambassades danoises, manifestations massives à Copenhague). Les manifestations qui ont dégénéré en émeutes le 16 décembre 2006 et le 1er mars 2007 ont donné lieu à de nombreuses arrestations d'anarchistes, de squatteurs, d'autonomes et de personnes proches de l'extrême gauche d'une vingtaine de nationalités différentes. Les violentes émeutes qui ont suivi l'expulsion du squat par une unité antiterroriste de l'armée danoise (matin du 1er mars 2007) et qui se sont produites les soirs des 1er, 2, 3 et 4 mars 2007 sont , elles aussi, à mettre en grande partie sur le compte du mouvement autonome européen (on compte quelques dizaines de blessés légers des deux côtés). Le squat Ungdomshuset a finalement été démoli le matin du lundi 5 mars 2007. Même si le mouvement de solidarité a été un échec, ces événements ont prouvé l'existence d'une certaine coordination autonome internationale, et ont par la même occasion démontré la puissance offensive de cette dernière.
- Italie : Oreste Scalzone est de retour en février 2007 après 26 ans d'exil.
2008
- France : Les 2 et 3 Novembre à peu près 200 autonomes s'affrontent durement au forces de l'ordre à Vichy durant une réunion traitant de l'immigration. Il y a quarante interpellations, dont une quinzaine de militants Belges. Le 11 novembre, dix personnes sont arrêtées, suspectées d'avoir saboté des lignes TGV, huit d'entre elles sont libérées début décembre et une autre en janvier 2009, faute de preuves, malgré les affirmations de la police comme quoi ils étaient sous surveillance au moment même des incidents présentés comme des sabotages. Seul Julien Coupat, présenté comme le meneur, reste en détention sous des accusations de terrorisme.
2009
- France : le 31 janvier, à peu près 3000 personnes manifestent à Paris contre l'antiterrorisme à l'appel des comités de soutien aux inculpés du 11 novembre. La manifestation s'achève devant la prison de la Santé ou est incarcéré Julien Coupat, le dernier des "inculpés de Tarnac" à ne pas être liberé. A Strasbourg, début avril, en marge du sommet de l'OTAN, les autonomes s'organisent au sein d'un camping alternatif et autogéré. Les autonomes font parler d'eux durant tous le long du sommet au cours d'affrontements spécifiquement durs. Il y a une grande couverture médiatiques du fait surtout des incendies qui se sont déclarés dans Strasbourg lors de la journée du 4 avril. Les médias se penchent sur cette "mouvance" sans néanmoins jamais réussir à cerner un "militant type".
L'affaire de Tarnac met en effervescence le milieu autonome français. Le 21 juin a lieu une manifestation de soutien comprenant à peu près un milliers de personnes. De très nombreux comités sont crées et dépassent le milieu autonome ralliant des frange de la gauche institutionnelle. Lors d'un rassemblement de soutien suite à l'évacuation du squat La clinique à Montreuil, un sympathisant perdra un œil du fait d'un tir de flash ball. Les blessures reçues par les autres personnes touchées étant toutes situées sur le haut du corps[4]. Une manifestation "contre la police" de 700 personnes à peu près se tint en réaction le 13 juillet. De nombreux manifestants étaient casqués, la banderole renforcée. Samedi 10 octobre se tient à Poitiers une manifestation anticarcérale qui déboucha sur des violences attribuées aux autonomes. Dans son édition du Jeudi 5 Novembre, le quotidien Le Monde consacre sa couverture et deux pages à ce qu'il appelle "L'archipel des Autonomes". L'article est reconnu comme plutôt bien renseigné... Une autre manifestation contre la prison se tint le 8 novembre à Paris, et fut particulièrement calme.
- Suisse : -Novembre : une campagne d'affichage d'action autonome pour contrer celle de l'UDC qui faisait alors campagne pour l'interdiction des minarets. 1000 affiches sont placardées au dessus de celles de l'UDC (droite suisse) titrées : " pas de frontières entre les prolétaires " et avec un " l'udc cherche à nous diviser, combattons la racaille capitaliste fauteuse de crise " avec la motion " pour une force extra parlementaire" (voir le site d'action autonome : autonome. ch). La loi sur l'interdiction des minarets est finalement passée, mais dans les deux cantons où les affiches d'action autonome ont fait leur apparition, le vote a recu une réponse négative au contraire de tout les autres cantons. Corrélation ou causalité ?
-Fin novembre : contre sommet de l'omc à genève, près de 300 " black blocks " sont présents. Durant la première partie de la manifestation, sur près d'un kilomètre dans le quartier des banques, des vitrines de banques, de bijouteries, et d'un starbuck'café sont démolies à coups de marteaux et de casques, quatres "voitures de riches" sont incendiées, et énormément d'autres saccagées. Puis affrontement avec la police suisse qui aspèrge tout les manifestants et pas uniquement les "black-block" de gazs lacrymogènes en tir tendu, de flashball et de tirs de canons à eau. A la fin, les arrestations sont massives, seul quatre interpellés resteront incarcérés, des bijoux de la bijouterie démolie ont été retrouvées sur eux, ce sont des genevois, ils prendront surement dur. Le lendemain, tout les journaux gratuits locaux comme le matin ou vingt minutes s'étonnent et retransmettent des paroles de la police qui se veulent "rassurante" : la "chasse aux casseurs" est lancée. Plusieurs contrôles d'identité auront lieu les jours suivant l'émeute. Durant plusieurs jours, l'université mail est occupée par des militants du monde entier, des " autonomes " de suisse alémanique tout comme d'allemagne, d'italie, de belgique, du québec, de chine, du japon, d'italie, de france, etc... étaient présent, mais aussi naturellement les étudiants d'unimail mais aussi d'autres genevois. Ceci a pu former un cocktail dsurprenant et générer un invraisemblable échange d'idées. La " mouvance autonome " est internationalisée, et les contres sommets sont là pour faire des liens directs.
Notes et références
- ↑ Serge Cosseron, Dictionnaire de l'extrême gauche, p. 91, «Le concept d'autonomie fait par conséquent sa réapparition au début des années 1970 à mesure que les luttes ouvrières et sociales dans les pays occidentaux se heurtent autant à l'État qu'aux appareils syndicaux et politiques du mouvement ouvrier respectant les traditions.»
- ↑ Serge Cosseron, Dictionnaire de l'extrême gauche, p91
- ↑ http ://basseintensite. internetdown. org/spip. php?mot60
- ↑ Le nouvel obs
ltragauche
Bibliographie
- L'Autonomie. Le mouvement autonome en France et en Italie, éditions Spartacus 1978
- Le Mouvement autonome en Italie et en France (1973-1984) , Sébastien Schifres, Université Paris VIII, 2008
- Action Directe. Du terrorisme français à l'euroterrorisme, Alain Hamon et Jean-Charles Marchand, SEUIL 1986
- Italie 77. Le «Mouvement», les intellectuels, Fabrizio Calvi, SEUIL 1977
- Una sparatoria tranquilla. Per una storia orale del'77, ODRADEK 1997
- Die Autonomen», Thomas Schultze et Almut Gross, KONKRET LITERATUR 1997
- Autonome in Bewegung, AG Grauwacke aus den ersten 23 Jahren, ASSOCIATION A 2003
- Anarcho-syndicalisme et Autonomie Populaire, CNT-AIT, 2001
- Autonomie populaire et désobéissance civile : Les autoréductions en Italie suivi de La grève de 1979 à Renault Véhicule Industriel (RVI), CNT-AIT Cæn, Cahiers de l'Annarcho-syndicalisme (CAS), 2007
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