Action directe
L'action directe consiste à agir soi-même, de manière à peser directement sur un problème auquel on peut être confronté, et sans avoir besoin pour cela de faire appel à un intermédiaire de personnalités politiques, de bureaucrates, etc.
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Définitions :
- un sous-traitant n'ayant pas droit au paiement direct peut, après avoir mis en demeure le titulaire, exercer l'action en paiement des ... (source : achats.defense.gouv)
L'action directe consiste à agir soi-même, de manière à peser directement sur un problème auquel on peut être confronté, et sans avoir besoin pour cela de faire appel à un intermédiaire de personnalités politiques, de bureaucrates, etc.
L'action directe veut placer la conscience morale au-dessus de la loi officielle.
L'action directe implique de ne pas se soucier des règles et procédures qu'appliquent les économistes et politiciens, et de décider soi-même ce qui est juste et ce à quoi il faut résister. Quoique l'action directe puisse être reconnue comme un des nombreux outils à la disposition du militant, cela peut aussi signifier qu'on est «prêt à se battre pour prendre le contrôle de sa vie ainsi qu'à essayer directement d'agir sur le monde qui nous entoure», à prendre ses responsabilités quant à ses actions ainsi qu'aux buts poursuivis.
L'action directe non violente permettrait de sortir des modes d'actions politiques respectant les traditions tel que le lobbying ou les manifestations, tracts, meetings et pétitions. Ces derniers peuvent représenter l'étape d'une lutte mais l'action politique limitée à ces éléments apparaît aux supporters de l'action directe comme un grand jeu inoffensif, prévisible, ennuyeux et manquant d'impact.
Les partisans de l'action directe non violente se proposent de montrer que l'action politique peut avoir un impact réel sans pour tout autant que cela nécessite le rassemblement simultané de plusieurs milliers de personnes dans la rue (des actions retentissantes peuvent être effectuée par un nombre réduit de personnes), ou alors de prouver que l'action politique peut quelquefois aussi être quelque chose d'amusant. Elle permettrait aux personnes de développer leur confiance en elles et de leur faire prendre conscience de leur force individuelle et collective.
Histoire
«Une méthode d'action bien à lui»
La notion d'action directe apparaît chez les syndicalistes révolutionnaires et les anarchosyndicalistes français du début du XXe siècle comme un développement théorique et pratique de la propagande par le fait anarchiste de la fin du XIXe siècle. Émile Pouget, leader de la CGT d'avant 1914 la définit ainsi :
- «L'action directe, manifestation de la force et de la volonté ouvrière, se matérialise, suivant les circonstances et le milieu, par des actes qui peuvent être particulièrement anodins, comme aussi ils peuvent être particulièrement violents. C'est une question d'obligation, simplement. Il n'y a par conséquent pas de forme spécifique à l'action directe.» (L'Action Directe, 1910)
L'action directe, individuelle ou collective, fonde l'autonomie des luttes ouvrières vis-à-vis des pouvoirs constitués de la bourgeoisie. Comme le dit Pierre Besnard (1930) : «Le syndicalisme révolutionnaire possède une méthode d'action bien à lui : l'action directe.» Pour tout de suite nous mettre en garde : «Il est , je crois, indispensable d'en donner une définition aussi précise que envisageable. Cela me paraît même d'autant plus indispensable que des erreurs de compréhension au sujet de l'action directe sont plus graves et risquent d'être plus dangereuses.»
Né de la réflexion sur la propagande par le fait, l'action directe ne saurait se résumer à l'usage de la violence «directe». Elle vise en particulier à rompre avec les techniques d'encadrements des partis et de la bourgeoisie ainsi qu'à s'affranchir des idéologies sur lesquelles elles reposent. C'est par conséquent par essence un refus des médiations politiques. Condition de l'émergence d'une créativité révolutionnaire l'action directe est nommée à aboutir à la grève générale.
Eclipse et renouveau
Après une éclipse relative due au triomphe, après la Révolution d'octobre, de formes d'organisation calquées sur celle du parti bolchevik, la notion d'action directe a été redécouverte en Europe par des marxistes proche de l'ouvriérisme ainsi qu'à nouveau mise en avant au sein de la mouvance autonome apparue en Italie puis en France et en Allemagne dans les années 1970, tandis qu'elle est popularisée en Amérique latine par les Tupamaros uruguayens, bientôt imités par de nombreux groupes argentins (FAL, FAR, FAP) qui pratiquent les «expropriations», la distribution de nourriture volée dans les quartiers populaires, ou ridiculisent la dictature militaire en faisant chanter à des soldats la Marche péroniste. Elle n'avait cependant jamais totalement disparue, comme en témoigne les mouvements anarchistes lors des années 1920 puis de la «décennie infâme » (années 1930) en Argentine (Severino Di Giovanni (en) , exécuté en 1931).
Jacques Rennes contribua à ce renouveau en définissant l'action directe comme l'expression éthique et héroïque du «prolétariat révolutionnaire». Il considère que «l'action directe n'est pas uniquement un acte de combat corps à corps, mais un acte de construction, un acte institutionnel (... ) l'action directe couvre ainsi de la grève à la création de bibliothèques populaires (... ) parmi cent autres institutions.». Jacques Rennes assigne, d'autre part, d'autres dimensions à l'action directe. Ainsi la lutte contre le militarisme, le sabotage - la ruse substituée à la violence -, le boycottage sont-ils reconnus comme les contenus révolutionnaires de l'action ouvrière en marche. Fidèle à l'essence de la Charte d'Amiens, il attribue au syndicalisme le rôle moteur dans la transformation de la société. Il décrit l'action directe comme «le procédé de commencement, de développement et de fin du syndicalisme».
L'expression a été adoptée par le groupe «Action directe» en France à la fin des années 1970 mais c'est une autre histoire qui ne saurait amener à confondre avec ses activités une notion bien plus riche et variée dont se réclament actuellement de nombreux militants.
Différents types d'actions directes
- L'action directe non violente : occupation/aménagement de lieux publics (ex : pour une fête de rue) ou privés (ex : des squats) pour une durée indéterminée et sans autorisation des autorités ou propriétaires (voir aussi : reprise individuelle) ; mise en place de dispositifs permanents au niveau local tels que coopératives ouvrières, dispositifs d'échanges locaux ou d'agriculture locale; etc.
- L'action directe avec destruction de biens : fauchage de champs de maïs transgénique, destruction de panneaux publicitaires (la motivation morale étant ici que la publicité dans les lieux publics forme un conditionnement imposé), destruction de matériel permettant de la surveillance ou à la répression policière, etc.
- L'action directe avec usage de la force sur la police pour protéger ou libérer des manifestants agressés ou arrêtés par la police.
- L'action directe révolutionnaire : les organes révolutionnaires dont se dotent les opprimés sans médiation sont ici reconnus comme les principaux vecteurs de l'action directe massive et consciente, intervention immédiate des masses pour mettre en place leur propre régime politique, sur la base, par exemple, d'une fédération des conseils ouvriers élisant leurs délégués sur la base d'un mandat impératif. Ce type d'action révolutionnaire a été pratiqué en Russie en 1905 et en 1917 contre le régime tsariste et contre la guerre, ou encore en Hongrie en 1956 contre la bureaucratie stalinienne.
- L'action directe radicale violente : cette forme de l'action directe a surtout été mis en œuvre par des groupes anarchistes au début du siècle mais aussi par des groupes nationalistes (Bombes, Elimination d'individus). En prétendant placer la conscience morale au-dessus de la loi officielle, l'action directe correspond aussi aux dogmes de certains intégristes religieux.
Autres exemples d'actions directes
Un répertoire d'actions directes : http ://www. subsociety. org/actiondirecte. php
L'AD-anti-OGM : en 1999, des paysans français (parmi lesquels José Bové) «démontent» un MacDonald's en construction, et amènent ainsi un débat public sur l'OMC, les OGM et la nourriture industrielle.
Bibliographie
- J. Maitron, Le Mouvement anarchiste en France, Paris, 1975 (2 vol. ).
- Emile Pouget, Le Père Peinard, textes choisis et présentés par Roger Langlais, Paris, 1976.
- Des progrès de l'action directe, L'Assommoir, n°3, Paris, avril 1979.
Liens externes
- Pierre Besnard & Gérard De Lacaze-Duthiers, Article «Action directe», dans l'Encyclopedie anarchiste de Sébastien Faure.
- Pierre Besnard, «L'action directe», extrait de Les Syndicats Ouvriers et la Révolution Sociale, Paris, 1930
- Daniel Colson, «L'action directe»
- «La violence n'est pas nécessairement mauvaise» (CADTM)
- Autres textes sur l'action directe
- Pierre Besnard page Daily Bleed's Anarchist Encyclopedia (anglais)
- Emile Pouget, L'Action directe, éditions le Flibustier, marseille, 2009
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