Communisme de conseils

Le communisme de conseils ou conseillisme est un courant marxiste antiléniniste pour qui les conseils ouvriers doivent s'organiser en pouvoir insurrectionnel...



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Extrême gauche - Gauche communiste - Idéologie communiste - Courant d'inspiration marxiste

Le communisme de conseils ou conseillisme est un courant marxiste antiléniniste pour qui les conseils ouvriers doivent s'organiser en pouvoir insurrectionnel et diriger la société : le terme marque l'opposition au «communisme de parti» ainsi qu'aux conceptions de Lénine pour qui seul le parti devait diriger la révolution et la société. Ce courant est quelquefois désigné par l'appellation «communisme de gauche».

Ses références sont le luxembourgisme allemand, les conseils ouvriers, de paysans ou de commune pratiqués en Russie en 1905 et en 1917, lors de la révolution allemande en 1918-1919, ou l'expérience des conseils ouvriers de Turin en 1919, puis les conseils en Hongrie en 1956, etc.

Pour les conseillistes, les conseils ouvriers doivent être les seules structures organisant la société socialiste : les conseils ouvriers sont une forme de démocratie directe. Le communisme de conseils se réclame d'une continuité du mouvement ouvrier.

Outre la référence aux conseils ouvriers, les conseillistes se distinguent fréquemment par le rejet des syndicats, reconnus comme des structures simplement réformistes, mais également par le refus de participer aux élections ou de soutenir les luttes de «libération nationale». Le communisme de conseil refuse quelquefois l'antifascisme comme alliance avec la bourgeoisie. Pour certains, l'antifascisme, en abandonnant la lutte de classe, ne fait que faire le jeu du fascisme : seules la lutte de classe et la lutte contre le capitalisme peut permettre de combattre efficacement le fascisme. La démocratie bourgeoise est à cet égard reconnue comme une forme spécifique du capitalisme pouvant se faire fascisme pour remettre en marche le processus capitaliste. Quant à l'URSS ainsi qu'aux divers pays dits «communistes», tous ces régimes sont pour les communistes de conseils des capitalismes d'État[1], ou alors des «fascismes rouges». Les conseillistes considèrent quelquefois la Révolution d'Octobre comme une «révolution bourgeoise» et un coup d'État.

Le communisme de conseils en Allemagne ainsi qu'aux Pays-Bas

En octobre 1919, par diverses machinations, la gauche est exclue du Parti communiste d'Allemagne (KPD) au congrès d'Heidelberg. Elle fonde alors un nouveau parti communiste le 4 avril 1920 : le KAPD (Parti communiste ouvrier d'Allemagne).

Le 14 février 1920, les comités ouvriers se rassemblent dans l'Union générale des travailleurs d'Allemagne (AAUD). En 1921, l'AAUD regroupe deux cent mille travailleurs. Dans les années qui suivent, l'AAUD perd la quasi-totalité de ses effectifs. En 1927, des communistes de conseil néerlandais fondent le Groupe des communistes internationaux (GIC). En 1931, l'AAUD prend le nom d'Union communiste ouvrière d'Allemagne (KAUD). La KAUD ne regroupe alors plus que quatre cents militants.

Marinus Van der Lubbe, accusé par les nazis de l'incendie du Reichstag, est membre à cette époque d'un petit groupe conseilliste : l'Opposition ouvrière de gauche (LAO). La même année, le KAPD s'autodissout dans la KAUD. Marinus Van der Lubbe est condamné à mort. Il est executé le 10 janvier 1934. La KAUD disparaît quelques mois plus tard, les militants se dispersant alors en une série de groupuscules.

Le GIC s'autodissout en 1940 au moment de l'invasion des Pays-Bas par la Wehrmacht. Entre 1941 et 1943, un groupe trotskiste allemand, les Communistes révolutionnaires d'Allemagne (RKD), s'alignent progressivement sur des positions conseillistes.

Le communisme de conseils en France

Les origines (1918-1945)

En France, le communisme de conseils apparaît en premier lieu en novembre 1918 avec la création des conseils ouvriers de Strasbourg. L'Alsace est alors en période de flou, l'Allemagne vient de signer l'armistice et d'abandonner la région mais la France n'a pas encore pris possession des lieux.

Le premier groupe conseilliste est créé en mai 1919 sous le nom de "Parti Communiste Français" (PCF). Ce petit groupe n'a rien à voir avec le PCF de la IIIe Internationale. Il n'est pas reconnu par l'Union soviétique. À Paris, le PCF de 1919, essentiellement animé par Raymond Péricat, s'organise en "soviets d'arrondissement". Le PCF de 1919 regroupe autant des marxistes que des anarchistes. Il publie un journal tiré à 20 000 exemplaires : L'Internationale. Le PCF de 1919 ne dure que quelques mois et disparaît dès le mois de décembre. En avril 1920, les marxistes du PCF de 1919 créent un second PCF, tout aussi éphémère, et qui devra disparaître au mois de décembre au moment de la création du PCF de la IIIe Internationale.

En 1929, un groupe bordiguiste français, Réveil communiste, s'aligne sur des positions conseillistes. Une quinzaine de conseillistes se rassemblent au mois d'août sous le nom de Groupes Ouvriers Communistes (GOC). Les GOC publient L'Ouvrier communiste. Les GOC disparaissent en 1931. André Prudhommeaux, Dori Prudhommeaux et Jean Dautry qui ont rompu avec les GOC publient successivement Spartacus (1931) et Correspondance internationale ouvrière (Nimes, septembre 1932- mai 1933).

En 1933, sur l'initiative d'un groupe local de la banlieue Ouest de Paris, une Conférence d'unification d'une douzaine de groupes d'opposants communistes et d'individus est organisée, aboutissant à une unification partielle. Quelques mois après, l'Union Communiste (UC) naît d'une scission, moitié-moitié, dans la Ligue trotskiste qui avait participé à la conférence mais était restée indépendante. L'UC publie en novembre 1933, le n°1 de son journal L'Internationale. Sitôt née, en décembre 1933, l'Union Communiste, fusionne avec l'organisation issue de la Conférence d'unification. Après cette fusion, l'UC évolue rapidement vers le communisme de conseils, absorbant l'unique petit groupe se réclamant alors de ce courant (autour de Bayard). L'UC recueille d'autre part une partie notable des bordiguistes (italiens pour la majorité) parisiens. En 39, avant sa disparition, l'UC rejoint la position d'Anton Pannekœk ou du KAPD; conservant le mot Parti tout en rejetant la conception léniniste d'un parti dirigeant.

Certains conseillistes français participent en 1941 à la création du Groupe révolutionnaire prolétarien avec des anarchistes et des militants trotskistes. Un groupe conseilliste lié aux RKD allemands est créé en France en 1944 : l'Organisation communiste révolutionnaire (OCR).

L'après-guerre (1945-1967)

Vers octobre 45, des contacts se rétablissent, pilotés surtout par Jean Lastérade (ex de l'Union Communiste). Devant l'impossibilité de reconstituer l'UC quelques anciens membres de l'UC débutent des pourparlers avec les bordiguistes qui publient «L'Étincelle». Ils finissent par intégrer, malgré son léninisme persistant, cette Fraction Française de la Gauche Communiste Internationale (FFGCI), animée par Suzanne Voute et Albert Vega, dont le journal «L'Internationaliste» a remplacé l'Étincelle. Henry Chazé, ex-UC, est chargé de la correspondance internationale de cette organisation. La FFGCI cesse d'exister en 1951, la majorité des militants rejoignant Socialisme ou barbarie.

En dehors de ces contacts entre militants «ultra-gauche» d'avant-guerre, c'est de la IVe Internationale trotskyste que sortent une bonne partie des militants des années 1960. C'est en premier lieu après la guerre le groupe «Fomento Obrero Revolucionario», issu de la section espagnole de la IVe Internationale (bolchéviques-léninistes, à ne pas confondre avec le POUM qui ne fut jamais reconnu par Trotsky) qui s'était illustrée durant la guerre civile par son soutien, au côté des Amis de Durruti, aux insurgés de mai 37. Le groupe eut une certaine influence en France, en particulier grâce à la présence en son sein du poète Benjamin Péret. Après la disparition de l'OCR en 1947, le communisme de conseil réapparaît en 1948 autour de certains membres de la revue Socialisme ou barbarie (S ou B), qui rompt alors à son tour avec le trotskisme en quittant le Parti communiste internationaliste (PCI). Depuis de longs mois déjà, la fraction S ou B dénonçait le bureaucratisme de la direction du PCI et de la IVe Internationale. Mais en particulier, le groupe remettait en cause certains dogmes du trotskisme, surtout le caractère «ouvrier» de l'État russe, et par conséquent la défense inconditionnelle de ce dernier.

Guy Debord fonde l'Internationale situationniste en 1957. L'Internationale Situationniste (IS) est une organisation à la fois conseilliste et libertaire qui prône le refus du travail et la révolution de la vie quotidienne.

Socialisme ou barbarie donne naissance en 1958 à deux groupes différents, Informations et liaisons ouvrières et Pouvoir ouvrier. En 1960, Informations et Liaisons Ouvrières prend le nom de Informations et correspondances ouvrières (ICO). Dans les années 1960, un autre groupe conseilliste se forme autour de Maximilien Rubel et Ngô Văn : le Groupe Communiste de Conseils.

En 1965, des militants de Pouvoir ouvrier ouvre une librairie dans le quartier latin : La Vieille Taupe. Ils sont exclus de Pouvoir ouvrier en 1967. La même année, deux ouvrages importants sont publiés par les situationnistes : La Société du spectacle, de Guy Debord, et le Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations, de Raoul Vaneigem. C'est aussi en 1967 que Socialisme ou barbarie disparaît. Des anciens militants de Socialisme ou barbarie créent alors un éphémère Communisme ou Barbarie qui ne dure quelques mois et s'autodissout à la veille de Mai 68.

Depuis 1968

1968-1975

En mai 68, la majorité des groupes mentionnés auparavant ont disparu ou sont en voie de disparition. Différents éléments radicaux seront cependant actifs, surtout au niveau du Comité d'action travailleurs-étudiants installé à la Faculté de Censier. Il s'agit spécifiquement d'éléments gravitant autour de La Vieille Taupe, du G. L. A. T. (Groupe de liaison pour l'action des travailleurs), ou des Cahiers de Mai. Dans les années qui suivent surgiront des groupes se réclamant de l'ultra-gauche, sans lien direct avec les anciens groupes. Le terme «conseilliste» sera essentiellement - mais pas exclusivement- utilisé par les groupes inspirés par les situationistes. Cette floraison ne met pas un terme au courant historique de la gauche communiste germano-hollandaise, dont les rédigés et théories seront progressivement re-découverts par une partie des groupes issus de mai 68. Globalement, énormément de groupes «conseillistes» nés peu de temps après 68 auront une existence éphémère qui se limitera à une unique publication, journal ou brochure. Durant cette même période, une partie de ces groupes participent à Informations et correspondances ouvrières (ICO), qui devient une sorte de fourre-tout de l'ultra-gauche. Une collaboration s'établit d'autre part entre ICO et certains des éléments du Mouvement du 22 mars (ceux qui étaient proches du groupe anarchiste Noir et Rouge). Ceci amène à des affrontements avec des éléments du groupe des Enragés qui assistaient aux réunions d'ICO, débouchant sur le rejet des Enragés. Fin 1970, Révolution internationale, Les Cahiers du Communisme de conseils et l'Organisation conseilliste de Clermont-Ferrand quittent l'ICO pour se former en regroupement. Si la plate-forme d'unification publiée en 1972 ne fait pas référence à l'obligation d'un "parti révolutionnaire", ce concept sera ré-introduit progressivement dans le regroupement. Ce dernier évoluera vers une intégration dans Révolution internationale des deux autres groupes, qui conduira en 1974 au départ des principaux animateurs de ces deux groupes.

Pouvoir ouvrier finit par s'autodissoudre à son tour en 1969. Certains militants issus de Pouvoir ouvrier se regroupent alors l'année suivante autour du bulletin La Voie, avant de créer en 1971 le Groupe marxiste pour le pouvoir des conseils de travailleurs (GMPCT) qui deviendra la "Gauche marxiste" contre l'avis des vieux de "Pouvoir ouvrier" qui ne voyaient pas l'intérêt de créer une nouvelle organisation. La Vieille Taupe et l'Internationale situationniste s'autodissolvent en 1972. La Vieille Taupe crée une nouvelle organisation : Le Mouvement communiste. La même année, le GMPCT prend le nom de Gauche marxiste, et publie le journal Lutte continue (membres dirigeants : Marcus, Serge Cosseron, Pierre Souyri, Hébert). Informations et correspondances ouvrières, et la Gauche marxiste s'autodissolvent en 1973.

Le Mouvement communiste disparaît à son tour en 1974. En 1975, des anciens militants de Informations et correspondances ouvrières participent à la création du réseau Échanges et mouvement.

L'Organisation des jeunes travailleurs révolutionnaires (OJTR) avait été constituée par une poignée de jeunes travailleurs du PSU lors de l'été 1970, comme «organisation de masses» de ce parti en direction des jeunes travailleurs. Cette organisation entrera rapidement en crise, et une partie de ses membres sera influencé par l'ultra-gauche et le situationnisme. Ceux-ci seront à l'origine de la publication du texte "Le Militantisme, stade suprême de l'aliénation" en 1972, dans la perspective de dissoudre l'OJTR. En 1975-76, l'ex-OJTR publie "Un monde sans argent : Le Communisme". L'auteur de ce texte, Dominique Blanc, animera ensuite "King Kong International" (1976), qui changera de nom au deuxième numéro (1977) pour devenir "La Guerre Sociale".

Le groupe Pour une intervention communiste se forme fin 1973 sur des positions proches de la Gauche allemande et une analyse de la société capitaliste se rattachant à celle de Rosa Luxemburg. De 1974 à son auto-dissolution en 1982, il publiera 38 numéros de la revue Jeune Taupe, ainsi qu'un nombre important de brochures, tracts, affiches. En 1981 une scission forme le groupe Volonté communiste, publiant le journal Révolution sociale (n°1 paru en juin 1981). Après la dissolution du groupe, la majorité de ce dernier forme L'Insécurité sociale (groupe et publication, n°0 paru en janvier 1982). L'Insécurité sociale se situe en rupture avec le milieu ultra-gauche, considérant que "si l'ultra-gauche a représenté après 68 un certain dépassement du gauchisme, dont elle s'est d'ailleurs alimentée, elle n'est à terme parvenue qu'à une variante radicale de ce dernier".

Durant l'année 1974, une tendance - spécifiquement présente à Bordeaux- se forme au sein de l'organisation trotskyste Lutte ouvrière, à partir de la critique de la caractérisation de l'État russe comme «État ouvrier». Ceci conduit le 3 novembre à la dissolution de la section de Bordeaux de Lutte ouvrière, ainsi qu'à la constitution le même jour du groupe l'Union ouvrière (U. O. ), qui publie dés décembre un journal portant le même nom (sous titré : pour l'abolition de l'esclavage salarié, 19 numéros de décembre 1974 à juillet 1976). À la même période, une des tendances de la LCR trotskyste rejette l'électoralisme de l'organisation, mais aussi son analyse de l'URSS. U. O. rompra l'année suivante avec les restes de léninisme qui persistaient à son origine et évoluera vers des positions proches de l'ultra-gauche puis du situationnisme. U. O. s'auto-liquide en octobre 1976. L'ex-U. O. se divise en plusieurs groupes chacun ayant sa propre presse : L'Insulte Sociale (Paris, régions Nord et Est ), L'ordre des choses (région centre), Abolition de l'esclavage salarié (Sud-Ouest ). Un bulltin de liaison - Chronique des révolutions de la Terre (n°1, janvier 1977) - ne survivra pas à l'éclatement de l'ex-U. O.

Le Groupe communiste de conseils (GCC) disparaît au cours des années 1970.

Parmi les publications se réclamant de la Gauche communiste ou conseillistes en France entre 1968 et 1975, on peut citer :

Autonomie ouvrière ou Mouvement autonome

A partir de 1976 deux tendances vont se développer parallèlement, tout en étant fréquemment confondues (confusion quelquefois entretenue par une partie des groupes ultra-gauche eux-mêmes)  : une revendication de l'Autonomie ouvrière (d'autre part position centrale du communisme de conseils depuis ses origines) se concrétisant dans cette période par la naissance sur quelques entreprises de groupes de travailleurs en dehors et contre les syndicats; un mouvement dit "Autonome" ou de "l'Autonomie" dans lequel se retrouvent différents courants issus de la crise du gauchisme (tant anarchistes que léninistes) soudés par un activisme assumant certaines modalités d'une violence prolétarienne.

Seule la première de ces deux tendances peut se rattacher au communisme de conseils, quoique des éléments proches de l'ultra-gauche aient pu participer à la seconde. Sur la formation de "Groupes Autonomes Ouvriers" dans cette période, voir l'article "Autonomie ouvrière".

Depuis 1975

Parmi les revues d'ultra-gauche publiées en France après 1975, on peut citer :

Le début des années'80, est marqué par l'établissement de rapports «détendus» – ou de confiance – entre différents groupes, y compris certains groupes "anarchistes" qui se sont rapproché du communisme de conseils. A titre d'exemple, un tract du mois de mars 1980 ("Derrière le chantage à la 3e guerre mondiale, le renforcement de l'exploitation capitaliste!") réunit : Cercle marxiste de Rouen, Groupe Commune de Kronstadt de la Fédération anarchiste, un groupe de l'Organisation communiste libertaire, Groupe de Travailleurs pour l'Autonomie Ouvrière, L'Action Communiste, Le Frondeur, Pour une Intervention Communiste, mais aussi deux groupes "étrangers" (Collectif pour l'Autonomie ouvrière de Madrid, Collectif Subversief d'Amsterdam).

En 1994, un bar d'ultra-gauche a été ouvert à Paris : La Bonne Descente, en premier lieu à Clichy, puis tranférée dans le 19e arrondissement en 1995. La Bonne Descente a fermé en 1997.

Certaines revues comme Échanges et Mouvement et Oiseau-Tempête paraissent toujours actuellement. Échanges et Mouvement édite aussi le bulletin Dans le monde une classe en lutte. Théorie Communiste et Meeting (paru en 2005) élaborent actuellement une critique du conseillisme qui met en avant le concept de «communisation».

Les situationnistes

L'Internationale Situationniste (IS) est fondée en juillet 1957 à la conférence de Cosio d'Arroscia par des individus venant de plusieurs groupes artistiques d'avant-garde : L'Internationale Lettriste, le Mouvement pour un Bauhaus imaginiste et le Comité psycho-géographique de Londres. 1962 voit la scission entre "artistes" et "révolutionnaires" et l'exclusion des premiers (même si de nombreux artistes restent dans l'IS, comme l'écrivain-cinéaste Guy Debord). Dans les années qui précèdent 1968 l'IS développe une position particulièrement marxiste d'un parti théorique représentant le plus haut niveau de conscience révolutionnaire. En mai 68, l'IS s'élargit au travers du Comité Enragés-Situationnistes, puis du Conseil pour le Maintien des Occupations (CMDO). Après son auto-dissolution en 1972, un certain nombre de groupes et de publications plus ou moins situationnistes ou post-situationnistes sont apparus. Parmi les groupes issus du CMDO, l'unique à avoir dépassé le stade de la déclaration de principes semble être le Groupe Révolutionnaire Conseilliste d'Agitation (GRCA), constitué par Alain Chevalier (exclu de l'IS en octobre 1969), François Lécuyer, Jacques Le Glou et Jean-Louis Rançon (ex-membres du CMDO), publiant entre autres deux numéros d'une éphémère revue intitulée "Pour l'Organisation Conseilliste".

Plus il y a peu de temps, l'influence (ou l'écho) des théories situationnistes se retrouve dans une série de publications :

Les principaux "théoriciens" de l'IS ont continué d'écrire des essais, poursuivant d'une certaine façon dans la même lignée, surtout Guy Debord et Raoul Vaneigem.

Le conseillisme dans les autres pays

États-Unis

Dans les années 1930, Paul Mattick a émigré aux États-Unis où il publie International Council Correspondence auquel succèdent Living Marxism en 1938 et New Essays en 1942. Dans les années 1970, Paul Mattick Jr continuera d'animer la revue Root and Branch. Un autre groupe «A world to win» publie à San Francisco Now and After dans la même période (dissolution en 1979).

Canada

Dans les années 1970 est éditée à Toronto une revue proche du communisme de conseils appelée The Red Menace.

Chine

À partir de 1976 paraît à Hong-Kong la publicaton Minus 8 (en anglais), dans laquelle on retrouve essentiellement des contributions d'ex-gardes rouges réfugiés à Hong-Kong. Ces rédigés peuvent se rattacher tant au conseillisme qu'au communisme libertaire, tout en étant avant tout le produit de l'expérience de ses rédacteurs. Le titre Minus 8 veut dire 8 avant 1984 (référence à George Orwell) et sera par conséquent suivi les années suivantes de Minus 7, Minus 6… En dehors de la publication régulière de la revue, ce groupe publia un ouvrage La révolution est morte, vive la révolution, consacré à une analyse critique de la révolution culturelle.

Grande-Bretagne

En 1960 une scission du groupe trotskyste Socialist Labour League forme'Socialism Reaffirmed'qui publie cinq numéros du journal Agitor à Londres. À partir du sixième numéro, journal et groupe prennent le nom de (en) Solidarity. Ce groupe était particulièrement influencé par Socialisme ou barbarie, et plus spécifiquemet par Paul Cardan (Cornelius Castoriadis) au travers des traductions libres de "Chris" ancien "archéomarxiste" comme Castoriadis. Au début des années 1980 l'appartenance à Solidarity repose sur l'adhésion au texte "As we see it". Son journal Solidarity for Social Revolution''est édité alternativement par différents groupes locaux. Un des membres du groupe (en) Solidarity (Jœ Jacobs) sera un des initiateurs du réseau qui publie actuellement Échanges et mouvement.

En septembre 1975 deux groupes ultra-gauche, Workers'Voice (Liverpool) et Revolutionary Perspective (Glasgow) fusionnent pour former la (en) Communist Workers'Organisation (CWO).

En 1978 deux groupes (partageant une même boite postale) se forment sur Londres : 1. Le collectif "Authority" qui publie la revue du même nom, 2. le groupe/collectif "Kronstadt Kids" se réclamant de l'autonomie ouvrière. Les deux groupes sont issus de ruptures avec le mouvement anarchiste. Des membres de ces groupes participent aussi à la libraire "Rising Free", se caractérisant par son refus de diffuser les journaux gauchistes. Authority et Kronstadt Kids seront les éditeurs de l'édition en anglais de "International Discussion Bulletin".

Espagne

En mars 1971, à Barcelone, une brochure signée "1000" nomme au boycott des élections syndicales. La presse et la police qui veulent totalement une signature, interprètent MIL comme Movimiente Iberico de Liberacion. Pour financer ses activités (publications, caisses de solidarité), le MIL va pratiquer l'expropriation. Les éditions "Mayo 37" créées en janvier 1973 publient des textes de Camillo Berneri, Les Conseils ouvriers d'Anton Pannekœk, De la misère en milieu étudiant (Internationale Situationniste) … En septembre 1973 plusieurs militants sont arrêtés, dont Salvador Puig Antich qui sera garroté le 2 mars.

En mai 1977 le "Movimiento de Liberacion Comunista" se forme au travers de l'unification de plusieurs petits groupes en évolution vis-à-vis du gauchisme : Germania Socialista, Grupo Comunista Revolucionario, Insureccion, Lucha Obrera et Union Comunista de Liberacion. Il publiera pendant quelque temps une revue mensuelle, Lucha Obrera.

Deux autres revues "pour l'autonomie ouvrière" sont publiées à Madrid dans la même période : "Emancipacion" et "Teoria y Practica". Après la dissolution du "Movimiento de Liberacion Comunista", et de "Teoria y Practica", des militants des deux groupes se retrouvent dans les Colectivos por la Autonomia Obrera (C. A. O. ) avec des individus issus de la CNT (en 1978), . Un groupe de travailleurs de Vigo, en Galice, signant "Autonomie Prolétarienne" publie plusieurs tracts dénonçant Partis et Syndicats et se réclamant des Assemblées ouvrières. La revue "El Topo Avizor", issue de l'anarchisme mais critique vis à vis de la CNT est publiée (avec une adresse à Barcelone et une à Paris).

En mars-avril 1979 paraît à Barcelone le premier numéro d'une revue bimensuelle pour l'autonomie ouvrière Seisdedos (d'après le surnom de Francisco Curro Cruz, une des victimes de la répression de janvier 1933 contre un groupe de paysans de Casas Viejas ayant proclamé le communisme libertaire)

Grèce

Au début des années 1980, un groupe de militants anarchistes grecs, influencés par le situationnisme, résidant en Grande-Bretagne (Manchester, Leeds…) et qui édite la revue TORIGMA se rapproche du communisme de conseils (débat avec "Kronstadt Kids" en G. B. et PIC/Jeune Taupe en France). Il participera au bulletin "International Discussion Bulletin" co-publié par différents groupes ultra-gauche.

Italie

Le groupe CCRAP (Centre Communiste de Recherche pour l'Autonomie Prolétarienne) se forme au début des années 1970 avec pour têche de maintenir un travail d'information et de réflexion sur les luttes ouvrières et la crise capitaliste dans le contexte italien. À partir de mars 77, il publie "Collegamenti per l'organizzazione diretta di classe" (Liaisons pour l'organisation directe de la classe). Au sein de ce qu'on appelle à l'époque en Italie "zone de l'autonomie", la tendance du CCRAP qui privilégie l'organisation indépendante des travailleurs contre le pouvoir capitaliste est minoritaire comparé aux groupes para-militaires issus de groupes léninistes en décomposition (Lotta Continua, ... ) favorables à une action terroriste putschiste. Le CCRAP regroupait des groupes de Milan, Naples et Florence.

Plusieurs autres revues et bulletins paraissent aussi en Italie à la fin des années 1970 : Primo Maggio, Marxiana, Filo Rosso (publié par un ensemble de collectifs autonomes de travailleurs des services et d'autres entreprises à Rome), Coordinamento Operaio Om-Fiat, … Toujours à la fin des années 1970 paraît la revue "DISSENSO est/ouest" se réclamant de l'autonomie ouvrière. Celle-ci reproduit dans son n°3 (1978 un article d'un "Collettivo Proletario Autonomo" — Terrorisme de Parti et Organisation Autonome du Prolétariat —, à propos des Brigades Rouges et de leurs activités diamétralement opposées à celles de l'autonomie ouvrière.

Portugal

Après le coup d'État du 25 avril 1974, un certain nombre de groupes s'inspirant à des degrés divers du communisme de conseil se forment ou se réactivent au Portugal :

- Combate. Le groupe qui publie après le coup militaire du 25 avril le journal "Combate" se forme à partir de militants venant de différents horizons, y compris des maoistes ce qui explique certaines compromis de la première version de leur plate-forme (en particulier sur la question nationale), rectifiée ensuite. Au début hebdomadaire, le journal reposait sur des interiews avec des travailleurs en lutte. Les numéros de Combate publiés sur la période 74-76 fournissent ainsi une description des mouvements sociaux ayant existé à l'époque. À partir de 1977, les rédacteurs de Combate insistent plus sur une critique de la bureaucratisation en cours. Avec la situation de reflux, les membres de Combate considèrent dés 1978 qu'il est impossible de continuer cette activité et l'édition de Combare est suspendue après 52 numéros. Parallèlement, ils avaient décidé l'automne l975 d'ouvrir une librairie (Contra a Corrente) dans un des vieux quartiers ouvriers de Lisbonne. Sous le même sigle Contra a Corrente ils publieront une vingtaine de brochures.

- Edicões Spartacus. Publication de textes ultra-gauche (Anton Pannekœk, KAPD, Ciliga... ) le plus souvent traduits du français (essentiellement des Cahiers Spartacus).

- Association des groupes autonomes anarchistes. Groupes de "jeunes anars" qui sortent un bulletin et un journal ronéoté intitulé O Rebelde. Influencés par le situationnisme.

- A Batalha. Cet organe de la CGT portugaise (anarcho-syndicaliste) publie alors dans ses colonnes quelques textes communiste de conseils critiquant les syndicats.

- Cadernos Textuais. Publient Amadeo Bordiga, Benjamin Péret/Grandizo Pourvus (Les syndicats contre la révolution… en portugais.

Suède

Une revue proche du communisme de conseil paraît dans les années 1970 : Arbetarmakt (Workers's Power League) . Un autre groupe existe à la même époque à Stockholm, Marxistik Arbeitergrupp. À la fin des années 1970, ces deux groupes participent avec d'autres groupes scandinaves à des "Conférences communistes internationales".

Ce courant publie toujours actuellement de nombreuses revues dans différents pays, comme par exemple Aufheben en Angleterre ou Perspective internationaliste en Belgique.

Personnalités

Parmi les différentes personnalités qui ont illustré l'histoire du communisme de conseils, on peut surtout citer Anton Pannekœk (auteur en 1946 d'un ouvrage intitulé Les Conseils ouvriers), Herman Gorter, Karl Korsch, Maximilien Rubel, Otto Rühle, Ian Appel, Paul Mattick, Cajo Brendel, Henry Chazé (Gaston Davoust), Benjamin Péret, Henri Simon (Informations et Correspondances Ouvrières), Cornelius Castoriadis et Claude Lefort (animateurs de Socialisme ou barbarie).

Hannah Arendt défend le dispositif des conseils, contre le dispositif des partis, sans pour tout autant pouvoir être reconnue comme partisane du communisme de conseils. En effet, pour elle , le modèle type des conseils n'est pas le conseil ouvrier (qui a pour principale fonction de régler la vie économique — d'une manière différente à la fois des capitalistes et d'un État planificateur), mais des«conseils révolutionnaires» dont la fonction est avant tout politique. Hannah Arendt défend toute forme d'insurrection, d'émergence spontanée d'organisations démocratiques. L'enjeu pour elle est de garantir la liberté de chacun (cf. Qu'est-ce que la liberté ?), la possibilité de la naissance d'espaces publics (cf. Condition de l'homme moderne).

Notes et références

  1. Louis Janover rédigé : «Tout ce qui relève du communisme se rattache aux conseils, tandis que la rhétorique des bolcheviks, néenmoins saturée de références livresques à Marx, nous en éloigne et nous rapproche du capital et de l'État.» («Rosa Luxembourg, l'histoire dans l'autre sens» dans Rosa Luxemburg, Introduction à l'économie politique, Agone/Smolny, 2008, p. 30. )

Bibliographie

ltra gauche
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